Il faut protéger les "petits travailleurs"

« L’employé n’est pas un esclave ». Dixit Père Joseph Jules Nkodo, célébrant principal de la messe du 1er mai 2022 à 6h 30 mn à la Basilique Marie-reine des Apôtres de Mvolyé à Yaoundé. L’homélie dite en ce jour où le travailleur était célébré visait à montrer les différents visages de ces personnes appelées à effectuer des tâches parmi les plus « viles » et qui au quotidien, sont soumises à toutes sortes d’humiliation qui tendent à les réduire à la position d’esclaves. Le travail est pourtant valorisant, en ce qu’il assigne à celui qui l’exerce, un statut dans la société et une reconnaissance de la part des autres. Il procure le sentiment d’être utile. Le but ultime du travail c’est donc de permettre à l’Homme de gagner sa vie, en s’épanouissant. 
Voltaire dans Candide ne disait-il pas que « le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin » ? Si le travail n’existait pas, qu’est-ce qu’on ferait de nos vies ? L’inaction nous ruinerait certainement. D’où vient-il donc que le travail soit devenu source de stress, de frustration et entraîne celui qui l’exerce dans un état de perpétuelle dépendance, voire de soumission. Pourtant, quelle que soit la tâche à laquelle il est affecté, l’ouvrier assure une fonction sociale qui a son importance. On est aujourd’hui très loin de l’esclavage où l’esclave et les moyens de travail étaient réunis en tant que propriété du propriétaire de l’esclave. Ce qui créait une dépendance personnelle du travailleur vis-à-vis de celui qui s'appropriait les résultats de son travail.
L’image de la ville de Yaoundé et de certaines autres grandes agglomérations du Cameroun ces dernières semaines a renseigné à suffisance sur le rôle de ces hommes et femmes qui, parfois, au péril de leurs vies, et dans des conditions qui défient parfois l’imaginable, s’emploient à rendre propres nos cités. Dans le cas spécifique de la capitale camerounaise, celle-ci a présenté, il y a quelques semaines, et comme cela devient malheureusement déjà une habitude, le visage d’une vaste décharge publique à ciel ouvert, avec des tas d’immondices qui exposent ses habitants à toutes sortes de maladie. Surtout dans un environnement où le choléra est déjà à l’origine de la mort de nombreuses personnes dans certaines villes du pays. Ceci pour une raison simple : ceux dont nous moquons l’action au quotidien, parce qu’ils ont la lourde charge de procéder à la collecte de nos ordures ménagères, ont décidé d’observer un arrêt de travail pour porter un certain nombre de revendications liées, pour l’essentiel, à leurs conditions de travail. L’acte posé par ces éboueurs, ripeurs ou professionnels de l’hygiène et de l’environnement de Yaoundé et autres villes, selon l’expression que l’on veut utiliser, peut l’être par toutes ces personnes appelées à effectuer des tâches parmi toutes celles considérées comme ingrates. Difficile d’imaginer des personnes travaillant à la collecte des ordures ménagères, sous la pluie comme sous le soleil, de nuit comme de jour, avec tous les risques liés à cette activité, sans masques faciaux, sans une assurance-maladie ! A quoi peut servir une pièce ou un billet de 500 F remis à un employé victime d’un accident de travail pour sa « prise en charge » par son employeur, comme s’est récemment plaint un ouvrier employé dans une entreprise de collecte des ordures ménagères à Yaoundé ? Cette somme aurait du mal à couvrir les frais de transport vers une formation hospitalière. On est bien loin ici de la surveillance médicale permanente dont doit bénéficier le travailleur durant sa carrière, selon les prescriptions de la loi portant Code du travail.
Il en est ainsi de ces hommes et femmes que nous usons à longueur de journée dans nos maisons en qualité de personnel domestique. Il est en effet curieux de voir les rapports que certains d’entre nous entretiennent avec ces cuisiniers et ces chauffeurs qui sont maltraités, insultés, humiliés, si ce n’est pas par nous-mêmes, par notre progéniture. Pourtant, le cuisinier est celui qui « manipule » au quotidien ce que nous devons manger, alors que le chauffeur nous accompagne tous les jours dans nos déplacements. Chacun ayant la possibilité, s’il en éprouvait le besoin, d’attenter à notre vie. Combie...

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