Interview : « Notre organisation est porteuse d’espoir »

Le Cameroun est engagé dans un processus de promotion des farines locales. Quel impact attendre des actions de la plateforme regroupant les acteurs du secteur récemment mise en place à ce sujet à cet effet?
La plateforme, pour le moment, est constituée de plusieurs collèges (producteurs, transformateurs et distributeurs). Un autre collège devrait bientôt être mis en place, c’est celui de fournisseurs de services (communes, microfinances, etc.). Toute cette organisation est déjà porteuse d’espoir. Nous devrons donc faire face à plusieurs défis. D’abord la disponibilité des semences. Les semenciers dans le collège des producteurs seront organisés d’une manière efficiente pour s’assurer que la semence est disponible en tout temps.

Deuxième défi, la récupération des pertes en champs et les pertes post-récolte. Troisième impact : la pénibilité du travail, la gestion des terres, mais aussi les coûts élevés pour mettre en place un hectare de cultures. Il sera aussi question de faire appel aux communes pour s’assurer qu’elles peuvent devenir actrices de cet engagement. Autre impact dont nous pouvons parler, c’est le financement même de l’agriculture. Il y a souvent des difficultés parce qu’étant donné qu’il n’y a pas un marché structuré, il n’y a pas un prix stable et les banques ne peuvent pas donner de l’argent à des petits groupes individuels pour financer leurs activités. Avec cette plateforme, ce sera facile de faire confiance aux acteurs.

Autre chose, notre stratégie développe des clusters. Ça va drainer beaucoup de producteurs, surtout les jeunes dans ce dispositif. On a constaté que les subventions jusqu’à présent n’ont pas d’impact parce qu’on les donne aux mauvaises personnes. Avec cette approche, les subventions arriveront en aval, parce que vous aurez déjà travaillé et les bénéfices vont arriver comme bonus. Il y a aussi la collecte des statistiques parce qu’aujourd’hui il n’y a pas vraiment de statistique agricole. Ce dispositif va nous permettre d’avoir des statistiques fiables.

Beaucoup de défis donc. Par quoi allez-vous commencer dans ce vaste chantier de promotion des farines locales ?  
Il y aura beaucoup d’actions qu’on va mener conjointement, parce que nous devons aller un peu vite. D’abord la sensibilisation. Nous avons déjà notre note conceptuelle. Nous allons commencer à sensibiliser les acteurs puisque nous connaissons exactement là où nous voulons aller. Il y a aussi l’identification des bassins de collecte puisqu’on ne peut pas tous les embrasser. Nous allons commencer là où il y a de fortes pertes en champs et en post-récolte. Nous allons aussi intégrer les jeunes. Ils peuvent participer dans les villages à la première transformation en retirant l’eau des cultures à forte teneur en eau, notamment.

Nous allons aussi inciter les élites à développer les plantations moyennes de 10 à 20 hectares. Nous allons aussi intéresser les communes. Nous avons déjà développé un cahier de charges pour leur montrer ce qu’elles peuvent gagner. Pour 1000 hectares dans le système cluster, le flux d’argent à l’intérieur c’est environ 4 à 7 milliards de F qui tournent autour d’une commune. Ce flux va permettre à la commune de se développer et de garder ses jeunes sur place. Les jeunes de la diaspora seront également informés sur cette opportunité et ils pourront intégrer ce dispositif. Il y a le deuxième niveau de transformation par exemple qui peut les intéresser, notamment le séchage. A court terme, nous allons recruter les collaborateurs clés pour lancer les activités. Il y aura aussi l’identification et la négociation avec les fournisseurs des équipements-clés. Nous allons négocier avec la Magzi afin d’obtenir de l’espace pour nos infrastructures de conditionnement.  

Six tubercules et céréales ont déjà été choisis pour la transformation. Quand on sait que le Cameroun a un énorme potentiel pour toutes ces c...