« Les partenariats doivent être basés sur la stratégie du Win-Win »

Professeur, quels sont les éléments qui fondent l’attractivité d’un pays et sur lesquels les opérateurs se basent pour y effectuer des investissements ?
Plus que par le passé, la plupart des pays du monde et davantage d’Afrique subsaharienne sont fragilisés par des chocs endogènes et exogènes, y compris les mutations diverses non encore maîtrisées qui ternissent leur image-pays et freinent leur niveau de croissance économique. L’attractivité dans ces conditions constitue un signal important de compétitivité et un indicateur visible de relation économique saine et durable axée sur l’investissement étranger. Les facteurs structurant cet attrait à l’investissement et sur lesquels peuvent se baser les opérateurs dépendent entre autres des richesses locales convoitées, des besoins d’investissement, des caractéristiques liées à la demande des entreprises soucieuses de développer leurs projets. Les termes de l’échange, la stabilité sociopolitique du pays d’accueil, le niveau d'intensité de la concurrence, les coûts à l’investissement, les facilités d’accès à l’environnent d’affaires, le domaine d’affaire sollicité et la réglementation y afférent font également partie des facteurs. A ceux-ci s’ajoutent les gains espérés des cocontractants du retour sur investissement, les opportunités de main d’œuvre abondantes et moins coûteuses, le niveau technologique du domaine d’investissement considéré… 
Le caractère complexe de ces facteurs d’attractivité m’emmène alors à préciser que tout est fonction de la nature de l’investissement étranger sollicité, des conditions d’affaires et surtout de l’orientation de la politique développement socioéconomique définis par chaque pays. Pour le Cameroun, les choix de facteurs sont adossés sur les orientations inscrites dans la SND30. 

A l’observation, quels sont les secteurs qui nécessitent le plus d’investissement au Cameroun ?
Le Cameroun s’appuie sur des conventions internationales au regard des Objectifs du Développement Durable. Pour encadrer sa vision d’émergence projetée en 2035, le gouvernement a mis le cap sur la transformation structurelle de l’économie à travers le développement du capital humain et du bien-être, la promotion de l’emploi et de l’insertion économique, sur la gouvernance, la décentralisation et la gestion stratégique de l’État. Conformément à ces orientations stratégiques et au vu des tensions socioéconomiques observées dans le pays, les priorités devraient être portées sur l’agriculture, la santé, l’instruction civique et la formation, l’environnement, les infrastructures, le transport, l’entrepreneuriat jeune, le partenariat avec le secteur privé, la coopération, l’implication de la diaspora et surtout la numérisation effective des processus productifs dans tous les domaines. Ceci dans le but de renforcer la résilience des agents économiques face à l’incertitude de l’environnement.

Quels leviers activer pour que les promesses d’investissements des opérateurs privés deviennent des réalités ?
Des efforts sont menés par le gouvernement mais restent très insuffisants. La gouvernance des institutions en charge de piloter les politiques publiques de développement reste tatillonne. Cela emmène à percevoir que les éléments de planification stratégique ne semblent pas toujours alignés aux besoins réels d’investissements. L’exode rural est grandissant, la corruption bat son plein dans la quasi-totalité des structures publiques, l’inclusion sociale n’est pas encore clairement visible… Les grandeurs économiques calculées ne suffisent plus pour une évaluation objective des bénéfices à l’investissement. Il y a encore beaucoup à faire. Pour ne retenir que quelques morceaux choisis : les négociations à l’investissement étranger doivent permettre de combler les précarités liées à une création des richesses et autres valeurs ajoutées, au manque d’emploi, le bien-être attendu, le transfert et l&rsqu...