Des ambitions toujours plus grandes

Décidément, la « China Connection » a conquis le cœur des Africains. Le quatrième Sommet du Forum de la Coopération Chine-Afrique que son pays vient d’abriter aura battu tous les records de participation. Sur les 53 pays africains membres du Focac, 51 étaient représentés au plus haut niveau par leurs chefs d’Etat et de gouvernement. En Afrique, seul l’Eswatini (ex-Swaziland), allié de Taïwan, manque à l’appel. Le Focac 2024 a connu la participation d’une trentaine d’organisations internationales ou régionales. Comme en 2018 à Beijing, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a fait le déplacement. Au regard de la forte participation record des dirigeants africains au Focac, un diplomate africain en poste à Beijing s’est même permis de dire que ces retrouvailles sino-africaines font même déjà la concurrence aux sommets de l’Union africaine. Mais cette proximité entre Beijing et les capitales africaines fait sens. Dans chaque pays africain, les réalisations chinoises parlent aux Africains. Qu’il s’agisse des infrastructures routières, portuaires, sportives, ou énergétiques, l’appui de la Chine ne laisse aucun Africain indifférent. Et la particularité de la relation avec la Chine est qu’elle est basée sur le respect mutuel de chaque partenaire, souligne un expert africain ayant participé aux travaux préparatoires. Les partenaires africains de la Chine ont donc voulu renvoyer l’ascenseur au géant asiatique. Depuis plus de quinze ans, la Chine est restée de manière ininterrompue, le premier partenaire commercial de l'Afrique. En 2023, les échanges commerciaux entre la Chine et les pays africains ont atteint un niveau record de 282,1 milliards de dollars selon les statistiques du Centre du Commerce international.
A Beijing, le mot d’ordre était la modernisation. Le président chinois, Xi Jinping l’a martelé à plusieurs reprises. Son souhait est d’impulser une vague de modernisation du sud global et écrire un nouveau chapitre dans la construction d’une communauté d’avenir partagé. Au sortir du Focac 2024, les leaders africains ont marqué leur adhésion au programme en dix points exposé par le président chinois dans le cadre de la vision d’un partenariat stratégique global avec les pays africains, pour les trois prochaines années. Il s’agit de la formation sur la gouvernance ; le développement des relations commerciales  marqué par une exemption de 100% des taxes sur les produits issus des pays africains destinés au marché chinois ; la coopération sur les chaînes industrielles avec la création d’une zone pilote industrielle Chine-Afrique ; les projets d’interconnexion à travers la mise en place de 30 projets ; la réalisation de mille autres projets dans le cadre de la coopération au développement ; la santé ; le développement de l’agriculture ; les échanges humains et culturels ; l’économie verte ; la sécurité commune et la sécurité mondiale.
Pour la mise en œuvre de ces nouveaux engagements, Beijing met à la disposition des pays africains membres du Focac, une enveloppe de 50,7 milliards de dollars US pour la réalisation des projets. Dans cette cagnotte, 29 milliards sont disponibilisés en ligne de crédit, 11 milliards d’aide et 10 milliards d'investissement des entreprises chinoises en Afrique. Mais au-delà de cette dimension pragmatique, les grandes retrouvailles de la « Chinafrique » dans la capitale chinoise ont davantage donné un nouveau souffle à la coopération entre la Chine et le continent africain. Une coopération décomplexée qui respecte la dignité des Etats africains. Les principes qui guident les relations sino-africaines ...