« Ce phénomène met à mal les recettes et la sécurité des consommateurs »

Jean Philippe Voundi II, correspondant national de la Douane camerounaise auprès du Bureau régional de liaison de l’Organisation mondiale des douanes chargé du renseignement pour l’Afrique centrale et les grands lacs.

La dernière newsletter publiée par la Douane camerounaise révèle une série de saisies des produits pétroliers et pharmaceutiques récemment effectuées dans le cadre de la lutte contre la contrebande. Quelle est l'ampleur de ce phénomène dans le pays ?
La contrebande des produits pétroliers et pharmaceutiques constitue un défi majeur pour l’Administration des douanes camerounaises. Ce phénomène, amplifié par la porosité des frontières et la forte demande locale, notamment des populations aux ressources limitées ne pouvant s’approvisionner dans les circuits légaux, alimente un marché parallèle qui met en péril non seulement les recettes fiscales de l'État, mais aussi la santé et la sécurité des consommateurs. En raison de la forte rentabilité de ces trafics, les réseaux de contrebandiers exploitent des voies clandestines et des circuits de distribution informels pour écouler ces marchandises prohibées ou non conformes à la réglementation en vigueur.


Les produits pétroliers et pharmaceutiques figurent régulièrement dans la liste des éléments saisis. Qu'est-ce qui peut expliquer cette récurrence ?
L’intensité du trafic des produits pétroliers et pharmaceutiques s'explique par plusieurs facteurs. D’une part, ces produits sont hautement stratégiques en raison de leur forte demande sur le marché national, ce qui incite les trafiquants à les introduire illégalement pour maximiser leurs profits. D’autre part, les écarts de prix entre le Cameroun et les pays voisins, dus aux subventions ou aux différences de taxation, créent un terrain propice à la contrebande. Par ailleurs, la porosité des frontières facilite l’acheminement clandestin de ces marchandises, tandis que la faiblesse des circuits d’approvisionnement formels dans certaines zones, notamment dans les régions septentrionales frontalières avec le Nigéria, favorise le recours aux réseaux illégaux. Dans ces territoires, où le taux de sous-emploi est particulièrement élevé, de nombreuses populations, faute d’alternatives économiques viables, se retrouvent impliquées dans ces trafics illicites pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Enfin, l’attrait financier de ces trafics pousse les contrebandiers à diversifier et perfectionner leurs méthodes, rendant ces infractions récurrentes malgré les efforts constants de l’Administration douanière.


Les saisies ne semblent pourtant pas freiner l'évolution de la contrebande. Quelles autres mesures sont mises en place pour éradiquer ce phénomène ?
Bien que les saisies constituent un levier important dans la lutte contre la contrebande, l’Administration des douanes camerounaises déploie une approche globale reposant sur quatre axes majeurs. Premièrement, le renforcement des contrôles avec un accent sur le renseignement douanier. L’efficacité de la lutte contre la contrebande repose sur une surveillance accrue des p...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie