« La participation populaire et la transparence seront des éléments clés »

Dr. Serge Christian Alima Zoa, internationaliste, Centre de recherche et d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II-Soa, Université catholique d’Afrique centrale.

Quatre candidats dont le président de transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, sous réserve des recours déposés à la Cour constitutionnelle, prendront part à la présidentielle du 12 avril prochain. Quel commentaire vous suscite cette affiche ? 
Brice Clotaire Oligui Nguema, actuel président de transition, apparaît avec du peps à revendre comme le favori du scrutin. Après avoir renversé Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023, il s’est engagé à restaurer les institutions démocratiques du pays. Sa candidature était attendue, malgré les débats sur l’inclusivité du processus électoral. Alain Claude Bilié-By-Nzé, dernier Premier ministre sous Ali Bongo, représente une continuité politique issue du régime précédent. Son positionnement pourrait séduire les partisans d’un retour progressif à un système civil. Quant à l’inspecteur des impôts Joseph Laponsée Essingone et du médecin Stéphane Germain Iloko Boussengui, leur présence parmi les candidats validés intrigue. Leur notoriété politique étant plus discrète, il reste à voir comment ils mobiliseront l’électorat. En tout état de cause, ces quatre hommes se présentant en tant qu’indépendants, mettent en exergue une particularité qui traduit une recomposition en profondeur du champ politique gabonais marqué par l’absence du Parti démocratique gabonais (PDG) qui a dirigé le pays pendant 55 ans. 


Présidée par le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, Hermann Immongault, la Commission électorale est accusée d'être acquise à Brice Clotaire Oligui Nguema. Trouvez-vous ce grief fondé ? 
Il y a en effet des linéaments de soupçons sur le contrôle du processus électoral qui, selon les détracteurs de l’ordre dirigeant de Libreville, serait en faveur du président de la transition. L’opposition estime notamment que le général est détenteur de tous les moyens dont dispose l'État et même que sa seule candidature fausse le jeu politique. Jean-Rémy Yama, candidat recalé, regrette par exemple que tout a été taillé dès le départ pour permettre à Brice Clotaire Oligui Nguema d'être candidat et surtout pour lui assurer une victoire à guichets fermés et dont il est l'arbitre et le joueur. En réalité, dès le 2 septembre 2023, date de la signature de la Charte de transition et quatre jours après le coup d’Etat qui a fait chuter Ali Bongo Ondimba, certains observateurs ont eu à noter comme carte biseautée que le président de la transition sera le seul autorisé à pouvoir candidater à la fonction suprême. Pour les autres cadres, il a été indiqué dans la Charte que : « n'est pas éligible à l'élection présidentielle ». Ledit document a également défini la tranche d'âge pour être candidat à la tête du Gabon : entre 35 et 70 ans, âges repris dans l'article 43 de la loi fondamentale, règle excluant d’office Pierre Claver Maganga Moussavou. Autres conditions qui ont réduit le nombre de candidats au scrutin présidentiel : celles liées à la nationalité.  Le Parlement de transition a approuvé en septembre dernier une nouvelle Constitution par referendum avec 91,64% de « oui ». En fin janvier, Brice Clotaire Oligui Nguema a vu le dernier verrou qui bloquait sa candidature s'ouvrir. Si les militaires ont promis de rendre le pouvoir aux civils, le Code électoral voté par le Parlement leur permet tout comme les magistrats de se présenter à la présidentielle s'ils démissionnent où se mettent en disponibilité de leur corps. Selon la candidate recalée Marlène Essola Effoutamane, le processus de la première élection présidentielle sans la candidature d’un Bongo depuis plus d’un demi-siècle, conduit par la Commission nationale d'organisation des élections et du référendum (CNOCR) est précipité avec une administration incapable de délivrer les documents exigés en toute impartialité. Si les autorités multiplient les gages de transparence, au regard des invitations des missions d’observation nationales et internationales souhaitant suivre le déroulement de ce scrutin, la participation populaire et la transparence seront des éléments clés pour garantir la crédibilité du processus et dé...

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