« Le Cameroun a un potentiel pour tirer parti de la finance verte »
- Par Marilyne NGAMBO TCHOFO
- 10 avril 2025 12:49
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Dr. Moussa Elhadji Saidou, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’université de Ngaoundéré, spécialiste en économie du développement.
Des Etats recourent de plus en plus à la finance verte pour faire tourner leurs économies et lutter contre les changements climatiques. Quels sont les mécanismes qui leur permettent de capter ces financements ?
Cette question est fondamentale et explore les canaux d’accès aux financements verts pour les Etats. Ces mécanismes de financement sont les suivants : émissions d’obligations vertes (Green Bonds) qui sont un instrument de dette où les fonds levés sont spécifiquement alloués à des projets ayant des bénéfices environnementaux (énergies renouvelables, efficacité énergétique, transport propre, gestion durable des ressources naturelles, etc.). La crédibilité de l’émetteur, la transparence dans l’utilisation des fonds et la certification par des tiers sont cruciales pour attirer les investisseurs. Il y a également les partenariats public-privé (PPP) verts. Les Etats peuvent collaborer avec le secteur privé pour développer et financer des projets verts. Cela permet de partager les risques et de mobiliser des capitaux privés tout en atteignant des objectifs environnementaux. Des cadres réglementaires clairs et des incitations sont nécessaires pour encourager ces partenariats. Egalement, les fonds climatiques internationaux et multilatéraux sont disponibles. Des institutions comme le Fonds vert pour le climat (FVC), le Fonds d’adaptation, la Banque mondiale (via ses instruments de finance climatique) offrent des subventions, des prêts concessionnels et des garanties pour soutenir des projets d’atténuation et d’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. L’accès à ces fonds nécessite souvent des propositions de projets solides et alignées sur les priorités nationales et les critères des fonds. Nous pouvons également ajouter les financements bilatéraux, instruments de financement innovants, ainsi que les politiques publiques incitatives.
L’initiative Global Green Bond récemment lancée au Cameroun vient enrichir la palette des instruments financiers permettant de mobiliser des fonds verts. En quoi cette initiative se distingue-t-elle des autres dispositifs de financement vert existants ?
Pour répondre à cette question, il est important de comprendre le positionnement spécifique de l’initiative Global Green Bond au Cameroun par rapport aux autres mécanismes. Les distinctions potentielles pourraient inclure la portée et les objectifs spécifiques. L’initiative vise-t-elle des secteurs particuliers (par exemple, l’agriculture durable, la foresterie, l’énergie) ou a-t-elle un objectif plus large de développement d’un marché obligataire vert national ? L’autre aspect est la structure et les modalités : s’agit-il d’une émission souveraine, d’obligations d’entreprises, ou d’un fonds regroupant plusieurs émetteurs ? Quelles sont les conditions d’éligibilité des projets, les mécanismes de suivi et de reporting et les éventuelles garanties offertes. Enfin, la cible des investisseurs : l’initiative vise-t-elle principalement les investisseurs nationaux, régionaux ou internationaux ? Les conditions offertes sont-elles adaptées à ces différentes catégories d’investisseurs ?
Quelles sont les opportunités qu’offre le marché des obligations vertes ?
Le marché des obligations vertes présente des opportunités significatives pour les émetteurs (Etats, entreprises, collectivités) et les investisseurs. Premièrement, pour les émetteurs, ce marché leur permet la diversification des sources de financement (accès à un nouveau bassin d'investisseurs soucieux des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance); l’amélioration de l'image et de la réputation (afficher un engagement concret en faveur de la durabilité peut renforcer la marque et la confiance des parties prenantes), des coûts d'emprunt plus faibles (certains investisseurs sont prêts à accepter des rendements légèrement inférieurs pour des actifs verts, bien que cela dépende des conditions du marché) et l’alignement avec les objectifs de développement durable (ODD) et les CDN (les obligations vertes permettant de financer des projets contribuant à ces objectifs). Deuxièmement, pour les investisseurs, ce marché permet d’aligner des investissements aux valeurs et objectifs de durabilité (possibilité de contribuer à la transition vers une économie plus verte); la diversification du portefeuille, une performance financière compétitive (des études montrent que les obligations vertes peuvent offrir des rendements compétitifs à long terme). On peut y ajouter la réduction du risque climatique dans le portefeuille, le reporting ...
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