« Rien n’est joué d’avance, contrairement aux apparences »
- Par Sainclair MEZING
- 11 avril 2025 11:24
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Chantal Midzie Abessolo, politiste, enseignante à l’Université Omar Bongo de Libreville.
Les Gabonais se rendent aux urnes samedi à l'effet d'élire le tout premier président de l’ère post-Bongo et après 20 mois de transition militaire. Quel regard jetez-vous sur les deux semaines de campagne ?
La campagne a connu un démarrage plutôt lent. Sur les 8 candidats, seul Oligui Nguema était visible au début avec son meeting d’ouverture dans la commune d’Akanda et son périple provincial. Le rythme va crescendo jusqu’à atteindre un premier pic autour du 04 avril, avec la prestation remarquée du candidat Bilie Bi Nze lors de son passage à l’émission « 1 projet - 1 candidat ». Une prestation à fort impact émotionnel et médiatique permettant de relancer la campagne malgré l’absence de sondages d'opinion permettant d’évaluer la popularité des candidats à ce moment-là. La dernière ligne droite a vu l’ensemble des candidats entrer dans la danse.
Du nombre des dissemblances à relever, notons que, outre le choix du mois d’avril pour convoquer le collège électoral, à la faveur d’une accélération de l’agenda de la Transition, l’innovation majeure réside dans le déploiement d’organes nouveaux chargés de l’administration des élections. Un autre élément de continuité réside dans les similitudes à travers la disproportion de la ressource entre les candidats en lice. Brice Clotaire Oligui Nguema, au gré d’incessants appels à soutien, fait l’objet d’une audience ultramédiatisée et rappelle un certain faste de l'ancien régime. On observe qu’à mesure que la campagne s’essouffle, la ferveur des 29 000 électeurs répartis à travers le monde elle, reste intacte.
8 candidats sont en course pour le fauteuil présidentiel. Lequel des projets de société défendus est à même, selon vous, de séduire les électeurs ?
La disponibilité des projets de société s’est faite progressivement. Mais l’insuffisante polarisation du débat public sur l'analyse des contenus de l’offre programmatique, en l’absence de relais partisans, n’a pas permis un éclairage des dynamiques politiques. Depuis le coup d’Etat militaire, quelle que soit la bonne facture des projets, ils ne suffiraient pas à impacter de manière décisive le scrutin. Pour séduire les électeurs, il faut s’intéresser aux personnalités et à leurs parcours. Pour ne parler que des deux candidats favoris, l’un, charismatique, a une stature acquise le 30 août 2023. Le putsch, l’annulation des résultats, la dissolution de toutes les institutions de l’État, la promesse de leur reconstitution, le respect du calendrier de la Transition, ainsi que des réalisations diverses achèvent de caractériser ce soldat adulé par la population.
L’autre prétendant, politicien rompu à la tâche, aux états de services avérés dans l’appareil d’Etat, nanti de multiples mandats et responsabilités gouvernementales et dont l’ultime fait d’arme est de s’être éloigné du PDG, tout en assumant sa part d’héritage de l’échec du régime déchu. Ultime Premier ministre (PM) de la 4e République, il se pose comme véritable candidat de la rupture avec son « Contrat national de rupture ». Connaissant les dossiers et les niches porteuses pour les politiques publiques idoines. Si le Plan national de développement de la transition (PNDT) couvre la période 2024-2026, il s’appuie sur le Plan d’accélération de la transformation (PAT 2021-2023) géré sous le magistère de l’ancien PM.
Tout au long de la campagne, l'on a assisté à ce que beaucoup appellent « Oligui show ». Le président candidat a organisé des meetings populaires et a parcouru les neuf provinces du Gabon, face à des candidats pour la plupart réduits au porte-à-porte et à quelques rassemblements. Dans ces conditions, le scrutin de ce samedi n’est-il pas déjà gagné d'avance ?
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