« Permettre aux États d’accéder à des financements dans de meilleures conditions »

Les explications du Pr. Kelly Mua Kingsly, président du Conseil d’administration de l’ATIDI.

Professeur, l’ATIDI lance officiellement ses activités au Cameroun cette semaine. À quoi renvoie exactement cette institution peu ou pas connue du grand public ?
L’ATIDI, anciennement connue sous le nom d’ATI (African Trade Insurance Agency), est une institution panafricaine spécialisée dans la couverture des risques commerciaux et politiques. Elle a été créée pour favoriser le commerce et les investissements en Afrique en sécurisant les transactions contre des risques majeurs comme les défauts de paiement, les risques souverains ou les instabilités politiques. Peu connue du grand public parce qu’elle opère en grande partie dans l’écosystème des grandes transactions financières, l’ATIDI joue pourtant un rôle fondamental : elle permet aux États et aux entreprises d’accéder à des financements dans de meilleures conditions, en rassurant les bailleurs de fonds et les investisseurs à travers ses garanties.


Quelles sont les solutions concrètes d'accompagnement qu'elle propose ?
L’ATIDI offre plusieurs solutions très concrètes et adaptées aux besoins actuels du Cameroun. On parle par exemple de l’assurance contre les risques politiques et commerciaux, proposée pour les projets d’infrastructure ou les investissements privés, surtout transfrontaliers. Il y a les garanties pour prêts souverains, permettant à un État de mobiliser des financements sans toujours devoir fournir une garantie souveraine classique. Quant à l’assurance-crédit à l’exportation et à l’importation, elle protège les entreprises locales contre les défauts de paiement de leurs partenaires étrangers. L’agence propose également la facilitation de projets stratégiques. En réduisant la perception du risque-pays, l’ATIDI améliore le profil des transactions et ouvre la porte à des partenaires financiers institutionnels.


Dans un contexte marqué par un accès de plus en plus difficile aux financements, à cause notamment du facteur de risque pas toujours bien évalué, que gagnerait un État comme le Cameroun à solliciter les services de l'ATIDI ?
Le principal gain pour le Cameroun, c’est l’amélioration immédiate de son profil de crédit vis-à-vis des marchés financiers internationaux. Grâce aux garanties de l’ATIDI, notre pays peut mobiliser des ressources à moindre coût, avec des primes de risque réduites et des maturités prolongées. En période de contraintes budgétaires et de forte demande d’investissements publics, notamment en infrastructures et en transition énergétique, cela constitue une bouffée d’oxygène stratégique. Par ailleurs, ATIDI permet d’élargir la base des investisseurs qui, rassurés par une couverture de risque crédible, peuvent désormais intervenir là où ils s’abstenaient. 


Quid du secteur privé qui lui-même peine à lever des fonds ?
Le secteur privé est au cœur de la straté...

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