Le moins qu’on puisse dire, après la dernière session de la Commission nationale de délivrance de la carte de presse, c’est qu’il y a encore du chemin pour faire de cette pièce, un véritable sésame pour l’exercice de la profession de journaliste au Cameroun. A peine une cinquantaine de nouvelles demandes ont été étudiées lors de la première session ordinaire de l’année, le 23 mai dernier. Un chiffre qui peut donner à réfléchir, même si à côté, on note qu’une centaine de demandes de renouvellement ont également été examinées par les membres de la Commission dirigée par Séverin Tchounkeu. C’est que, si l’on compare ces données aux réalités de terrain, on pouvait s’attendre à une demande de cartes de presse beaucoup plus significative.
D’accord, 1600 cartes ont été délivrées depuis une dizaine d’années. Mais au bout de cette décennie, très peu de journalistes y voient un instrument incontournable, un document dont l’utilité s’impose dans la pratique de leur métier au quotidien, un facilitateur de leur travail. Ce sentiment entraîne donc une certaine désaffection des professionnels. De toute façon, l’enthousiasme des débuts laisse place depuis quelques années, à une espèce d’indifférence. Résultat : un bon nombre de cartes arrivées à expiration ne font pas automatiquement l’objet d’une demande de renouvellement. Bien plus, les journalistes interrogés sur la question expriment souvent leur déception au sujet des bénéfices réels que leur procure la possession d’une carte de presse.
La vérité, c’est que la carte de presse dans sa version actuelle - certes améliorée sur la forme - tarde à s’imposer comme une véritable carte d’identité du journaliste, avec tout ce que cela implique comme effets. C’est vrai, grâce aux pouvoirs publics, elle est exigée pour toute accréditation aux événements officiels organisés par le gouvernement. Cela implique la garantie que toutes les personnes accréditées comme journalistes, après examen de leur demande, sont effectivement reconnues comme telles au Cameroun. De ce point de vue, la carte accomplit bien sa première mission. Elle permet d’identifier les professionnels des médias exerçant dans le pays. En cela, le travail de la commission nationale aide à tenir une base de données nationales, un début de répertoire. Mais juste un début. Parce que le nombre de personnes qui se présentent ou agissent comme journalistes au quotidien est effarant.
Et c’est là qu’apparaissent les premiers regrets. La carte de presse permet d’identifier son détenteur, c’est un fait. Mais tout le monde ne se sent pas obligé d’en avoir une, c’est un autre fait. Conséquence : la volonté d’assainissement de la profession, clairement affichée au moment de la conception de la carte, est encore loin d’être traduite en réalité. Beaucoup, disons même carrément trop de personnes continuent d’exercer le métier sans y avoir droit. Beaucoup de « journalistes » continuent à entrer dans la profession juste comme ça, parce qu’ils l’ont décidé, sans formation, « par effraction », après avoir essayé d’autres activités à gauche et à droite sans succès. Ils exercent le métier tant bien que mal, en marge des canons, sans avoir besoin d’une carte de presse. Ils l’exercent souvent très mal, puisque ne connaissant ou ne maîtrisant pas les règles. Certains, en commençant par le haut de la pyramide. Patrons de presse autoproclamés, ils créent des organes de presse avec un peu d’argent ou de soutien de mécènes, et les dirigent, sans aucune notion du B-A- BA de l’écriture journalistique, de l’économie, de l’histoire ou du droit des médias. Leur logique, forcément, ne peut être professionnelle. Ce sont des utilisateurs du métier qui se muent facilement en francs-tireurs, ballotés au gré des intentions de manipulateurs, qui eux, connaissent bien le vrai pouvoir des médias.
L’autre grande question est soulevée par les détenteurs de la carte de presse. Beaucoup, pour ne pas dire ...
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