« Le Gouvernement continue de respecter ses engagements vis-à-vis des organes de presse à capitaux privés »
- Par Jean Francis
- 02 juin 2025 10:40
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René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication
Monsieur le ministre, lors du Conseil de Cabinet du mercredi 28 mai dernier, vous avez présenté une communication sur la situation de l’appui de l’Etat aux médias à capitaux privés. Quel est le tableau de la situation de cette aide des pouvoirs publics ?
L’option d’une intervention de l’Etat en faveur des organes de presse relevant du secteur privé de la communication, a été rendue nécessaire avec l’apparition des médias privés au sein du paysage communicationnel national, jusque-là en situation de monopole public. Ceci se justifiait notamment par la faiblesse des ressources issues de la vente des journaux, pour ce qui est de la presse écrite, ajoutée au niveau relativement bas des recettes publicitaires ; toutes choses qui ne permettaient pas aux médias à capitaux privés de parvenir à un équilibre d’exploitation de leurs activités. Au nom de la démocratie et de l’Etat de droit que nous entendions promouvoir et consolider, le gouvernement se devait d’apporter un soutien multiforme au fonctionnement du secteur privé médiatique. C’est ainsi qu’à partir du 23 septembre 2002, l’Etat va mettre en place un mécanisme d’accompagnement financier des organes relevant du secteur privé de la communication, au bénéfice non seulement des médias classiques au sens strict du terme, mais également des imprimeries, des agences conseils en publicité, et même des associations regroupant les médias et les journalistes.
A cette époque déjà, les premières difficultés enregistrées étaient dues entre autres, à l’extension de l’assiette des bénéficiaires à des sous-secteurs extra-médiatiques et à la relative modicité de l’enveloppe allouée, du reste en constante diminution d’une année à l’autre. Pour y remédier, des concertations menées avec la profession avaient permis de réviser les modalités de soutien du gouvernement en faveur des médias à capitaux privés, passant de l’aide publique à la communication privée à l’appui institutionnel de l’État aux médias à capitaux privés, dès l’année 2020. Cette mutation a permis d’apporter des réponses à un certain nombre de préoccupations jugées prioritaires parmi lesquelles, la limitation du spectre des bénéficiaires à la presse écrite et à la presse en ligne, étant entendu que les médias audiovisuels pouvaient désormais être orientés vers un financement issu du Fonds Spécial de Développement de l’Audiovisuel créé par la loi n°2015/007 du 20 avril 2015 régissant l’activité audiovisuelle au Cameroun. Une telle option permettait d’accroître du même coup et à allocation constante, les montants financiers attribués à chaque bénéficiaire. Actuellement, ce qu’on peut dire de la situation de l’appui institutionnel de l’Etat aux médias à capitaux privés est que, malgré un contexte économique difficile, le Gouvernement continue bon an mal an de respecter ses engagements vis-à-vis des organes de presse à capitaux privés, même si, il faut le reconnaître, ce soutien de l’Etat connaît en ce moment, d’importantes difficultés au nombre desquelles on peut relever la taille de l’enveloppe consentie en constante régression, l’augmentation exponentielle du nombre de médias à capitaux privés, toutes catégories confondues, ainsi que la mauvaise gestion par la plupart des bénéficiaires, des fonds octroyés.
Une constance se dégage aujourd’hui, il faut aller vers autre chose. Que prévoit le Gouvernement pour faire face à la situation actuelle ?
Pour faire face à cette situation, le gouvernement a déjà engagé une réflexion pour apporter des solutions durables à la problématique de la viabilité économique de ce secteur d’activité. Il s’agit entre autres, en vue d’augmenter substantiellement l’enveloppe allouée à l’appui à la presse à capitaux privés, de remettre au goût du jour, le projet de création d’un compte d’affectation spéciale, alimenté par des prélèvements opérés sur les ressources issues de l’exploitation des sous-secteurs à forte rentabilité tels que la télévision par satellite. Une telle mesure, si elle venait à prospérer, apporterait une bouffée d’oxygène significative au financement étatique de l’ensemble du secteur privé des médias.
Pour ce qui est des médias audiovisuels en particulier, nous devons continuer de travailler pour la mise sur pied effective du Fonds Spécial de Développement de l’Audiovisuel, prévu pour soutenir les médias audiovisuels, et qui doit être alimenté par le dividende du numérique, c’est-à-dire, les revenus provenant de la vente aux opérateurs de la téléphonie mobile, de l’excédent des fréquences dégagé par le passage à la Télévision Numérique Terrestre (TNT) qui elle-même, devrait être fonctionnelle dans notre pays sous peu. Par ailleurs, il pourrait être envisagé la généralisation de la souscription d’abonnements des services publics aux journaux à capitaux privés, de manière à accroître leurs recettes de vente.
Lorsque vous parlez d’une « presse attachée aux principes appris à l’école », cela pose le problème de la qualité de ceux qui se retrouvent dans ce couloir aujourd’hui. Pour beaucoup, le journalisme est devenu un pis-aller. Comment remédier à la situation ? Avez-vous le sentiment que l’on peut y arriver ?
Je suppose qu’en parlant de « principes appris à l’école », vous faites référence à la question de la formation de journaliste à la base. A ce sujet, je puis vous répondre que le journalisme est un métier comme les autres, et qu’à ce titre, ceux qui ont la prétention de l’exercer doivent au préalable être formés aux techniques et aux principes qui le guident, au nombre desquels se trouve l’appropriation des règles éthiques et déontologiques. De plus, une fois cette formation acquise, le journaliste doit être admis à exercer cette profession selon les règles communément pratiquées dans chaque pays.
Au Cameroun, tout journaliste doit pouvoir disposer d’une carte de presse pour prétendre à l’exercice de cette profession. C’est ainsi que la qualité de ses prestations peut être garantie. Je rappelle que la carte de presse est délivrée par une commission indépendante au sein de laquelle siège des professionnels chevronnés. A ce titre, la Commission de délivrance de la carte de presse est en elle-même, un organe d’autorégulation. Toutefois, force est de constater que dans le landerneau médiatique national, beaucoup continuent d’exercer sans justifier ni d’une formation appropriée, ni d’une carte de presse. Pour remédier à cette situation fort regrettable, l’action du Conseil national de la Communication doit aussi aller dans le sens d’une régulation de cette anomalie. Mais au-delà d’une simple régulation, c’est à une autorégulation professionnelle structurée qu’il faut en appeler, pour que la presse et les journalistes eux-...
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