« Ce commerce est source d’importants revenus fiscaux et d’emplois »

Lors de la 9è réunion statutaire du Comité Ape Cameroun-Union européenne, la partie camerounaise s’est montrée insatisfaite de la mise en œuvre de l’Accord évoquant certains manquements. Comment accueillez-vous ces observations? 
Le dernier comité APE a été l’occasion d’un échange constructif avec la partie camerounaise dont nous notons qu’elle est pleinement consciente des bénéfices de l’Accord pour les intérêts économiques et commerciaux du Cameroun. Cela étant, force est de constater que la partie camerounaise continue de communiquer sur ce qu’elle considère comme des pertes de recettes douanières, consécutives à la mise en œuvre de l’Accord. Ces critiques sont infondées et ce, à plusieurs égards. En effet, les chiffres du commerce démontrent que l’Accord a eu des effets très bénéfiques au niveau de la création du commerce et l’augmentation de sa valeur. Sans l’Accord, non seulement une partie de ce commerce n’aurait pu avoir lieu, mais le commerce qui prévalait avant l’Accord se serait effondré. C’est le cas par exemple de tout le secteur de la banane. Ce commerce est source d’importants revenus fiscaux et d’emplois. Aussi, il faut rappeler que ces droits non-perçus en raison de l’Accord sont des gains pour les entreprises actrices du commerce bilatéral. Ces taxes non-payées contribuent au développement de leur activité économique.

Au niveau des échanges également, le marché européen ne semble pas à la portée des produits locaux. Que faut-il faire pour améliorer le volume des échanges entre les deux parties dans le cadre de ce partenariat?
 Grâce à l’APE, le Cameroun est excédentaire, en termes de balance commerciale, dans son commerce avec l’UE ; car l’Accord permet aux marchandises exportées d’être compétitives sur le marché européen. Cet excédent pourrait être même plus important si le Cameroun mettait en place les conditions suffisantes pour améliorer l’environnement des affaires, avec pour objectif d’attirer davantage d’investissements européens, afin de créer une base industrielle solide. C’est la raison pour laquelle l’UE a proposé au Cameroun de négocier un Accord sur la facilitation des investissements durables (AFID). Durant le comité APE qui s’est tenu les 4 et 5 juin, la partie camerounaise a dit attendre le mandat de la présidence de la République avant de s’engager dans des négociations avec l’UE. Le Comité a également discuté des questions sanitaires et phytosanitaires, comme autre axe de développement des exportations. En effet, la partie européenne s’est montrée disposée à accompagner le Cameroun dans ses efforts à surmonter certains obstacles sanitaires et phytosanitaires, à condition que le pays démontre sa volonté de mettre en œuvre une série d’actions constructives, avec le soutien de l’UE.  

On constate par exemple que l’importation des véhicules d’occasion de l’Union européenne coûte de plus en plus cher. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette situation? 
L’APE impose une réduction progressive (pour arriver à droits nuls en 2029) des taxes à l’importation des véhicules en provenance de l’UE. A ce jour, la réduction de ces droits est de 50%. Cependant, sans s’être concerté avec la partie européenne comme le prévoit l’Accord, le Cameroun a mis en place des taxes supplémentaires sur les véhicules d’occasion dépassant un certain âge de mise en circulation en Europe. Du point de vue de l’Accord, les véhicules d’occasion plus récents continuent de bénéficier de la réduction de...