« La température montera davantage avec la convocation du corps électoral »

Pr. Alphonse Amougou Mbarga, enseignant de science politique, Université de Douala.

A quelques jours de la convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle, on observe une forte mobilisation des acteurs. Que vous inspire cette effervescence ?
En réalité, c’est tout le contraire qui aurait été surprenant. Cela ne veut pas dire que les autres élections ne sont pas importantes ou à minimiser. À titre d'illustration, le capital engrangé par Cabral Libih à l'élection présidentielle du 07 octobre 2018 a permis au PCRN de faire une percée politique lors des législatives et municipales de février 2020. De même, avec un score médiocre à la présidentielle de 2028, le SDF a du mal à exister depuis lors. Par contre, malgré leurs alliances avec le RDPC en 2018, le FSNC et l'UNDP ont démontré en 2020 qu'ils ont un électorat acquis à leur cause. L'effervescence actuelle se justifie aussi par les annonces de candidatures. Celles-ci peuvent être regroupées en trois blocs. Il y a les candidatures du buzz médiatico-politique. En pareille circonstance, tout citoyen, pour peu qu'un infographe lui confectionne un petit visuel, peut annoncer sa candidature à l'élection présidentielle. Les médias en raffolent, car cela leur permet d'alimenter des pages et des émissions. 
Nous avons les candidats du positionnement. Certains, pleinement conscients de leurs limites à gagner la présidentielle d'octobre 2025, se lanceront dans la bataille afin d'engranger de l'expérience pour les échéances futures ou pour négocier une place sur l'arène politique. Ainsi, l'élection présidentielle d'octobre 2025 permettra de préparer la présidentielle d'après, et à court terme, les élections législatives et municipales de 2026. Vous avez enfin les candidats du juridisme. L'élection présidentielle est régie par un arsenal juridique connu des acteurs politiques et des organes qui en assurent la régularité. Nul besoin de tenter des pirouettes pour exister. Mais c'est toujours l'occasion de se donner à voir auprès du Conseil constitutionnel. Tout ceci permet de comprendre la température qui monte. Et elle montera davantage avec le décret portant convocation du corps électoral.


Dans une interview accordée à Cameroon Tribune le 30 juin dernier, le secrétaire à la communication du RDPC affirme que le parti au pouvoir reste serein au milieu de cette scène politique qui bouillonne peu à peu. Que vous inspire cette posture ? 
En martelant l'idée d'une sérénité, l'appareil politique du RDPC tend à se rassurer lui-même et à rassurer ses militants et sympathisants. Dans la configuration actuelle de l'électorat, le parti dispose d'un maillage territorial certain. Il demeure toutefois qu'une élection est risquée pour tous les acteurs qui s'y engagent. Le RDPC ne saurait faire exception. Dans une bataille politique, il faut savoir mesurer ses forces et ses faiblesses. L'on tend généralement à minorer ses faiblesses pour ne pas donner d’angles d'attaque à l'adversaire. Par la même occasion, afficher une sérénité permet de démobiliser l'adversaire. À ce titre, le Pr. Fame Ndongo est parfaitement dans son rôle.


Récemment, Elections Cameroon s’est réuni avec les autres acteurs du processus électoral, en présence d’un représentant du secrétaire général des Nations unies. Qu’est-ce que ce type de concertation peut apporter aux opérations en cours ? 
Depuis le retour au multipartisme en Afrique, les tensions pré et post-électorales ont conduit à la détérioration du climat politique dans plusieurs pays africains. Les crises ont parfois dégénéré en guerre avec des milliers de morts dans certains pays. Elecam a bien saisi cet enjeu pour le Cameroun et c'est à bon droit que l'expertise des Nations unies a été requise. Le Cameroun est un acteur important de la stabilité de toute la région Afrique centrale. On peut donc facilement comprendre l'implication de cet acteur international dans la crédibilisation de la prochaine élection présidentielle au Cameroun. Il faudrait éviter qu'une effervescence saine au départ, dans le jeu des acteurs, dégénère en violence politique relativement à l'organisation du scrutin. 


Alors que la scène politique devient palpitante, comment s’assurer qu’il n’y ait pas de débordement et que chacun agisse dans le respect des règles du jeu ?
Pour agir dans le respect des règles du jeu, il faut déjà connaître lesdites règles. Il nous a été donné de constater que beaucoup d'acteurs ...

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