Nouveau mandat de Paul Biya : de si grandes espérances

Le président de la République réélu le 12 octobre dernier est investi ce jour dans un contexte marqué par des tensions et surtout de fortes attentes.

Le hasard fait bien les choses. Le président de la République entame ce 6 novembre 2025, un nouveau mandat à la tête de l’Etat. Le huitième, 43 ans jour pour jour après sa première prestation de serment en 1982. Et ce mandat est peut-être celui qui cristallise le plus d’attention. Elu au terme de la présidentielle du 12 octobre, le vainqueur prend officiellement les rênes, alors que son principal challenger est rentré dès le lendemain du scrutin dans une posture qui sème le doute, l’incertitude, voire la peur au sein de populations qui ne demandent qu’à reprendre le cours normal de leur vie, après une période électorale fort haletante. En entreprenant de s’autoproclamer vainqueur de l’élection, juste au lendemain du scrutin, et sans en apporter les preuves manifestes, Issa Tchiroma Bakary, président national et candidat du Front pour le Salut national du Cameroun a évidemment entraîné avec lui ses militants et sympathisants, dans une logique de contestation et de crise post-électorale. Les trois dernières semaines ont, en conséquence, été marquées par une attitude de défiance, avec des appels au soulèvement et un cycle effrayant de violences. 
Dans ce climat qui pourrait faire le lit de la division, on peut dire que le premier challenge du président élu sera celui de la réconciliation. Les crises post-électorales savent mettre à mal l’unité d’un pays, tiraillé entre les partisans du vainqueur et ceux du vaincu, avec un risque réel de fracture. Et les lendemains de la présidentielle du 12 octobre semblent bien confirmer cette crainte. Alors que l’on déplore déjà depuis quelques années, une instrumentalisation vicieuse du discours de haine au sein de la société camerounaise, notamment par l’entremise des réseaux sociaux, cette contestation violente des résultats de l’élection présidentielle menace sérieusement le vivre-ensemble. Il est donc urgent de guérir cette blessure que certains veulent pousser à s’infecter au point de gangrener l’ensemble du corps. 
C’est pour cela que le discours d’investiture de Paul Biya ce matin au palais de l’Assemblée nationale est déjà très attendu sur cette question. L’homme du 6 novembre, que l’on sait viscéralement attaché à la paix et à l’unité de son pays, a le devoir, là encore, de trouver les mots justes, mais aussi les remèdes adéquats pour rassembler les fils et filles du Cameroun et semer à nouveau, au besoin, la graine de l’amour et de la cohabitation pacifique. Il a toujours su le faire, comme l’atteste sa gestion sage des turbulences successives du genre, qui jalonnent son parcours. D’ailleurs, ses premiers mots, à la suite de la proclamation officielle des résultats ont bien montré la couleur : « La page de l’élection présidentielle étant tournée, je souhaite vivement qu’ensemble, nous nous engagions résolument à bâtir un Cameroun de paix, d’unité et de prospérité. »
Les propos de Paul Biya ce jeudi ne devraient pas s’écarter de cette ligne, qui résume si bien le projet du président pour les sept prochaines années. Car oui, nous aurons bien besoin de stabilité et de sérénité pour continuer à construire le développement. Parce que les crises ne manquent pas sur le chemin de l’émergence, cap que s’est fixé le pays, avec un rendez-vous à l’horizon 2035. C’est seulement dans 10 ans. Alors, ce n’est surtout pas le moment de rajouter aux difficultés imposées par la conjoncture économique globale et la géopolitique mondiale, des problèmes montés par nous-mêmes pour freiner la machine. 
Ce qui est clair, c’est qu’il y a à faire. Les attentes des Camerounais, exprimées de manière éloquentes à travers les suffrages du 12 octobre sont un indicateur à prendre au sérieux pour réussir ce mandat et en faire la source d’espérance promise par celui qui a été él...

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