Le Cameroun est indiscutablement un bon sujet médiatique. Un vrai plat de résistance, si bon qu’on peut en perdre son latin, quand l’appétit devient vorace. Les médias n’y échappent pas. Surtout pas eux, alléchés depuis plusieurs mois par la perspective d’une élection présidentielle dont les enjeux réels ou supposés, visibles ou souterrains dictent les lignes des uns et des autres. Il en est ainsi de Radio France internationale, radio étrangère - française comme son nom l’indique si clairement - à forte audience locale, qui donne souvent l’apparence d’un modèle de professionnalisme et en récolte évidemment les dividendes conséquents en termes d’image positive, de crédibilité et bien sûr d’audience.
Ce qui est sûr, c’est que beaucoup d’entre nous Africains et donc Camerounais écoutons Rfi pour sa présence marquée et pour l’intérêt réel que la « radio du monde » montre au sujet des pays africains où elle a veillé à s’implanter depuis plusieurs années. En raison de tout cela, nous estimons, en tant que consommateur, avoir le droit de regard sur ce que nous consommons. Le droit de nous étonner de ce produit qu’on nous a servi tout au long de ce processus électoral haletant, et surtout qu’on continue à nous servir depuis la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel lundi dernier. Le service aprèsvente étant injoignable, les associations de défense des consommateurs inefficaces, ces colonnes aideront peut-être à attirer l’attention sur les violations flagrantes et répétées des droits des consommateurs.
Parce que, à moins d’être sympathisant d’un candidat malheureux de la dernière présidentielle camerounaise, on risque presque systématiquement l’indigestion. L’emballage est pourtant rassurant. Notamment la composition du produit : information de première main, recoupée, et traitée avec soin et équilibre par les pro fessionnels parmi les meilleurs. D’accord, la date de péremption n’est pas très lisible, mais bon, c’est un produit que nous avons pris l’habitude de consommer et auquel nous avons décidé de faire confiance. Mal nous en a pris. Les indications de l’emballage sont manifestement trompeuses. On plaint donc les inconditionnels aux estomacs délicats, exigeant en pareille circonstance une information professionnelle, où aucun des ingrédients affichés ne manque.
Ces consommateurs sont clairement exposés à de nombreux problèmes gastriques, car à la vérité, il est difficile d’échapper à cette véritable intoxication alimentaire. Tenez : à Douala mardi dernier, Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala décide de convoquer la presse pour donner son avis sur le déroulement de la dernière élection présidentielle. Le prélat, par ailleurs président de la Conférence épiscopale nationale, prend le soin au début de l’exercice, de préciser aux journalistes qu’il parle en son nom personnel, que ses propos n’engagent pas la Conférence épiscopale. Et qu’est-ce qu’on reçoit le lendemain à Rfi ? « Présidentielles au Cameroun : les évêques dénoncent la fiabilité des résultats ».
Entre nous, si ce n’est fait exprès, c’est quoi ? De deux choses l’une : soit le journaliste n’était pas présent à la fameuse conférence de presse, soit il a choisi délibérément de déformer l’information. Le résultat étant le même : tromperie sur la marchandise. Dans quel but ? That is the question. La réponse est peut-être dans cette autre sortie servie mercredi sur les mêmes antennes, qui a la prétention d’expliquer aux auditeurs « pourquoi l’Elysée n’a pas encore réagi » à la réélection de Paul Biya. La brillante démonstration – c’est quand même Rfi !- nous apprend « qu’il n’est pas prévu qu’Emmanuel Macron appelle Paul Biya, comme cela est de coutume.
Une simple lettre de félicitations lui sera prochainement envoyée. » D’accord. Et tant pis pour nous, qui pensions que la lettre de félicitations était une réaction au même titre qu’un appel téléphonique, une coutume que nous ...
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