« Il est urgent d’augmente la production locale »
- Par Aïcha NSANGOU N.
- 24 mai 2022 10:49
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Dr Yves Mballa, expert financier, enseignant à l’Université de Yaoundé 2.
L’institut national de la statistique vient de publier une note sur l’inflation au premier trimestre 2022. On y constate une hausse de 2,9 %. Devrait-on s’en inquiéter ?
Un petit détour laisse apparaître, selon cette note de l’Ins que l’inflation est passée de 2,5 % en janvier 2022 ; 2,7 % en février 2022 pour se situer à 2,9 % en mars 2022. C’est une attitude normale: l’inquiétude, surtout lorsqu’on se rapproche à grande vitesse du seuil dit « communautaire » de 3 %. A titre de rappel, l’inflation résulte des causes multiples : les coûts, la dépendance extérieure, la demande, l’excès de création monétaire, etc. En parcourant les sources de l’inflation du Cameroun, un fait se dégage : elle s’explique par notre forte dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Nous consommons ce que nous ne produisons pas ou peu. Cette tendance se poursuivra tant qu’elle porte sur ce qui est vital pour la majorité de la population tels que les céréales, les huiles végétales, bref les biens de première nécessité. Il s’agit à mon avis d’une inflation vitale. Vous devez manger pour vivre, mais vous mangez majoritairement ce qui vient d’ailleurs. Donc si aucune mesure urgente n’est prise, tout au moins pour les prochains mois, cette situation nous plongera dans une inquiétude non maitrisable.
Les produits alimentaires, tant ceux produits localement que ceux importés, sont pour beaucoup dans cette hausse. Comment peut-on contenir cette poussée ?
L’explication donnée par les commerçants est la crise en Ukraine. Est-ce que la banane-plantain produite à Salampoumbé dans la Boumba-et-Ngoko à l’Est provient d’Ukraine pour connaître une hausse inexplicable ? Certes, la spéculation est dans l’ADN de chaque commerçant. L’on peut être tenté de dire qu’il s’agit d’un effet d’entraînement. Mais non, la situation est plus critique qu’on le pense. Pour contrer cette poussée inflationniste, il faut que les pouvoirs publics mettent en place un plan sectoriel qui devra conduire à une augmentation conséquente de la production locale des biens et services face à la demande sans cesse grandissante. Concrètement, il est question d’agir sur la qualité des intrants et leur accessibilité aux producteurs pour garantir une production de qualité et à moindre coût. Par la suite, les voies d’accès aux zones de production doivent être entretenues afin de permettre aux producteurs d’acheminer le produit de leurs récoltes vers les grandes agglomérations. Ce plan sectoriel impliquera les différentes administrations à la vision de la lutte contre l’inflation.
L’Ins signale qu’il y a un risque d’atteindre le seuil communautaire de 3 % si l’on reste sur cette dynamique. Que peut faire le Cameroun pour sortir de la spirale ?
Le dépassement du seuil communautaire de 3 % est une évidence. La note de l’Ins relève ce seuil a déjà été dépassé ou franchi dans six villes. Le Cameroun doit manifester une volonté assumée de lutter contre l’inflation. De nombreuses mesures peuvent être mises en place pour juguler cette spirale, mais la plus urgente est l’augmentation substantielle de la production locale, réduisant notre forte dépendance extérieure. Bref, comme le disait le Chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya, dans l’un ses discours, « consommons ce que nous produisons » et j’ajouterais, mettons à la disposition de ceux qui peuvent consommer ce que nous produisons. Il ne s’agit pas là d’une solution miracle, mais tout au moins, cela contribuera à baisser la pression sur le marché et la tendance à une hausse généralisée des prix, ce d’autant plus qu’on ne saurait avoir ce reflexe lorsque les marchés sont inondés des produits de bonne qualité. Le Cameroun doit sortir de la logique de la forte dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Il faut que les jalons d’une véritable politique agricole bien pensée et adaptée à notre écosystème soient plantés, suivie d’une industrialisation permettant de transformer nos matières premières et agir sur les coûts de producti...
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