Regards d’avenir

Les relations entre la Belgique et la République du Congo sont marquées par des ressentiments et des traumatismes liés aux circonstances socio-historiques. Sans verser dans une sorte de banalité, ces relations sont à quelques exceptions près, semblables à celles qui structurent les interactions entre les puissances colonisatrices et les autres anciennes colonies d’Afrique. Pour le cas de l’ex-Congo Belge, la gestion de ce qui était d’abord une propriété personnelle du monarque Léopold II de 1885-1908 avant de passer au statut de colonie jusqu’en juin 1960, date de son accession à la souveraineté internationale, aura été marquée par des spoliations et des pillages. Les conclusions de la commission spéciale, mise en place à la fin de 2020 pour enquêter sur le passé colonial belge au Congo, sont sans ambages : le document de 700 pages évoque « une cruelle histoire d’extractions de ressources ». La récente visite du roi des Belges, Philippe en RDC permet non seulement de réchauffer les liens entre les deux pays mais surtout de tourner la page d’une relation restée tumultueuse pendant des décennies. Des signaux forts permettent d’envisager cette normalisation avec beaucoup d’espoirs. 
Il y a d’abord l’échange de visites officielles entre les dirigeants des deux pays : avant le récent voyage du roi belge à la tête d’une forte délégation des membres du gouvernement belge dont le Premier ministre, Alexander De Croo et une bonne brochette d’investisseurs belges, le président Félix Tshisekedi avait déjà effectué sa première visite officielle en Belgique comme chef d’Etat, du 16 au 20 septembre 2019, soit 9 mois après son élection au terme d’un scrutin vivement contesté.  Puis, la visite du roi belge intervient 30 ans après celle du roi Albert II en 2010 (père de l’actuel roi). En outre, Bruxelles a annoncé la restitution d’œuvres spoliées lors de la période coloniale, de la dépouille de Patrice Lumumba ou encore la commission d’enquête au Parlement.  Par ailleurs, la coopération militaire a repris et un nouvel ambassadeur belge a été nommé à Kinshasa après le rappel de son prédécesseur en 2018.  Enfin, la réouverture du consulat général de Belgique à Lubumbashi, la relance de la coopération bilatérale par l’agence d’exécution Enabel, ou encore le retour du Centre européen des visas (CEV), qui a pris le relais de la Maison Schengen, sont autant des gestes importants qui marquent la reprise de la coopération entre Kinshasa et Bruxelles. Last but not the least, au cours de sa visite, le roi belge a réitéré ses profonds regrets pour les blessures de la colonisation. 
Même si une bonne partie de Congolais attend mieux en termes d’excuses par rapport au passé colonial afin de tourner définitivement cette page traumatique entre les deux pays, il est question pour Kinshasa de bâtir un nouveau partenariat avec Bruxelles. Les d&...