Mobile money : Heurs et malheurs des utilisateurs
- Par Gregoire DJARMAILA
- 14 juil. 2022 10:10
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10,883 milliards. C’est le montant des transactions financières effectuées en 2020 à travers 19,5 millions de comptes ouverts auprès de deux opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun (Orange et MTN). Ces données sont contenues dans un rapport de la Banque des Etats de l’Afrique centrale. En Afrique centrale, le Cameroun pèse 76% des transactions financières sur téléphonie mobile. Ce tableau chiffré traduit ainsi l’engouement des populations autour du porte-monnaie électronique introduit il y a un peu plus de dix ans. Une aubaine pour cette frange de la population exclue ou réfractaire au système bancaire parfois inaccessible. La sous-bancarisation explique ainsi le succès des services de paiement mobile dans les pays en développement. Malgré l’extension du réseau bancaire ces dernières années, le taux de bancarisation au Cameroun se situe encore autour de 28% un peu en deçà de la moyenne africaine estimée à 29%. La fulgurance du mobile money est boostée ces dernières années par l’interopérabilité des transactions entre les comptes bancaires et comptes mobile money actée depuis 2020. Ce système de paiement mobile se présente donc comme un véritable catalyseur de l’inclusion financière, du développement de la digitalisation des paiements et par là du développement des économies africaines. Mieux, l’éducation financière menée par les opérateurs a davantage élargi la catégorie des utilisateurs de ce service qui se recrutent aussi bien parmi les personnes physiques de toutes tranches d’âge et de genre, les administrations et entreprises publiques que les organisations non gouvernementales. Le mobile money s’est aussi davantage vulgarisé avec la survenue du covid-19 au cours de laquelle le gouvernement a encouragé les populations à privilégier les paiements scripturaux. La gamme des biens et services payée par cette monnaie électronique s’est aussi diversifiée. Désormais, elle a un pouvoir libératoire pour les frais de scolarité, les factures d’eau et d’électricité, les achats dans les grandes surfaces commerciales, les frais de taxi, les crédits de téléphone et d’internet, les tickets de transport, les billets d’avion, les tontines, l’abonnement aux bouquets des chaînes de télévision, les quêtes pour les évènements heureux et malheureux. Dans des structures comme la Caisse nationale de Prévoyance sociale, un système de paiement des pensions via le mobile est en pleine expérimentation. Avec l’agrément que vient d’accorder l’autorité monétaire nationale à l’un des opérateurs de téléphonie mobile reconnu désormais comme établissement de paiement électronique, il est possible pour les travailleurs de se faire les salaires par mobile money. La confiance grandissante des populations envers ce moyen de paiement est justifiée par sa rapidité et son instantanéité. Cette « innovation frugale » constitue un pied de nez aux procédures lourdes et contraignantes associées à l’ouverture d’un compte bancaire. Enfin, ce paiement mobile génère des coûts de transaction inférieurs à ceux que nécessite la gestion d’un compte courant.
Le mobile money est donc venu bousculer la bureaucratie financière impénétrable pour la plupart des personnes. Seulement, la montée en puissance de ce système de paiement charrie malheureusement d’autres avatars tels que le vol d’argent, l’arnaque, le piratage des comptes, les retraits frauduleux. Ces dernières années, beaucoup d’utilisateurs de ce service se sont vu vider leurs comptes par divers mécanismes frauduleux. Le service a vu émerger des hackers qui arnaquent les usagers pour les délester de leurs avoirs financiers. Les modes opérateurs foisonnent. Un message est envoyé au titulaire de compte pour lui demander de valider un retrait qu’il n’a jamais effectué. L’autre technique consiste à vous appeler pour vous informer que vous avez reçu par erreur un dépôt dans votre compte et que vous devez le renvoyer. Il s’agit en fait d’un dépôt fictif matérialisé par un message conçu pour la cause. Il peut aussi s’agir d’un malfaiteur qui vole ou arrache votre téléphone et exploite vos comptes pour arnaquer vos contacts. Ou encore d’un individu qui se fait passer pour un opérateur et qui prétend vous aider à faire la mise à jour de votre compte. Hélas, beaucoup passent à la trappe et se font vider leurs comptes. Que dire des comptes qui plafonnent parfois à des centaines de millions et dont le contrôle échappe encore aux organismes de contrôle comme l’Agence d’Investigation financière (Anif) ? En 2020, l’opérateur MTN a enregistré 36 000 cas de fraudes sur son réseau.
Ces failles de sécurité sont de nature à altérer la confiance des usagers. Elles sont une partie des raisons pour lesquelles beaucoup de personnes n’adoptent pas encore les comportements d’épargne et décashing/dématérialisation de la conservation des valeurs. Pour la plupart du temps, ce porte-monnaie électroni...
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