Interview : « la finance islamique présente des avantages indéniables »

Comment peut-on évaluer la percée de la finance islamique au Cameroun quand on sait que très peu d’établissements bancaires s’y investissent ?
Si nous considérons une évaluation sur une échelle de 10, je dirai 1/10. A la faveur d’une étude que j’ai réalisée pour le compte du Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud) sur le paysage de la finance islamique au Cameroun en 2019, l’enquête sur la pénétration des produits bancaires islamiques avait montré que seulement 8.33% des structures proposaient les produits de la finance islamique. Seulement deux banques avaient des fenêtres islamiques ou des directions dédiées aux produits bancaires islamiques, une microfinance spécialisée, et aucune assurance n’offre ces produits, aucun emprunt obligataire islamique n’a jamais été contracté par l’Etat camerounais, il n’existe aucune structure de financement du social, sinon quelques cas isolés mais animés par la société civile musulmane (Zakat, Waqf, etc.).

Pourtant de véritables leviers pour des fonds gratuits existent à travers la coopération internationale avec l’OCI et ses Etats membres, et même parmi les acteurs de l’économie locale. La percée peut venir d’une vaste communication engagée autour de la finance islamique par des acteurs comme la structure que je dirige, la recherche de la diversification des partenaires stratégiques pour l’atteinte de l’émergence en 2035 par l’Etat, les formations spécialisées disponibles et offertes par des structures locales comme la nôtre, et enfin, la pertinence de la finance islamique quant à son évolution très appréciable dans l’économie mondiale.   

Comment peut-on en faire un véritable levier de financement de l’économie nationale ?   
Le Cameroun devrait utiliser l’expertise locale puisqu’elle existe dans la concep...