Biblio : quand l’horreur défie l’imagination
- Par Yvette Mbassi
- 29 mars 2023 11:43
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Construit comme une enquête et un réquisitoire, « Murambi, le livre des ossements », roman de Boubacar Boris Diop, met en lumière l’ultime génocide du XXe siècle.
Le mot « génocide » a un sens. Le même sens que dans herbicide, insecticide... Il s'agit d'éradiquer, d'anéantir, de faire disparaître de la surface de la terre. Sauf que dans « génocide », il s'agit d'êtres humains. Le tout dernier dans l’histoire a eu lieu au Rwanda. Comment donner un visage aux victimes ? Comment s'exprimer après un tel drame ? Ce crime, horreur absolue ? Comment raconter ce qui ne se raconte pas ? Comment mesurer une telle tragédie ? Boubacar Boris Diop s’est livré à l’exercice, en produisant un roman choral où s'expriment, par bonds chronologiques, l'endeuillé, le rescapé, le mis-à-l'abri, la combattante ; mais aussi le génocidaire. Ainsi que l'officier français qui a armé, ou encouragé, ou laissé faire. L’auteur n'est pas dans l'allusion : il étale au grand jour une description crue des massacres et des cadavres. Il donne la mesure de l'énormité du crime : 10.000 morts par jour, pendant 100 jours ; un million de personnes en trois mois. Les ossements du titre, ce sont ceux de tous les Tutsi massacrés pendant le génocide perpétré par les Hutu, ossements laissés à la vue de tous dans un bâtiment mausolée, à Murambi.
Avec une sobriété d'un classicisme exemplaire, l'auteur expose les faits, ses rouages et ses ressorts cachés : quelques personnages en situation, avant, pendant et après le génocide, se racontent et se croisent, s'aiment et se confessent. En vrai romancier, il interdit au lecteur les faux-fuyants qui voudraient folkloriser les drames africains pour mieux les oublier. En mettant bien le doigt là où ça fait mal, avec toute la rigueur d'un talent sans faille, il oblige le lecteur à regarder en face la réalité qu'on voudrait sauve de tout autre désastre humain. Au-delà des émotions et de l’effarement qu’on ressent, il est très difficile de commenter un tel ouvrage : on se sent humble et petit à sa lecture ! Il nous permet tout ...
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