« Il faudra s’attendre à des mesures d’austérité »
- Par Michèle FOGANG
- 18 janv. 2024 12:01
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Georges Meka Abessolo, Expert financier, directeur du cabinet Risks Mitigation LLC.
La loi de finances 2024 a été arrêtée et le budget lancé. A quoi doit-on s'attendre d'un point de vue général pour cette année fiscale ?
L’économie est cyclique et l’année 2024 sera une fois de plus marquée par un cycle de ralentissement économique entamée depuis la pandémie du Covid-19 en 2020. Selon les projections du gouvernement et des institutions multilatérales, le taux de croissance du PIB va osciller entre 4.3% et 4.5%, en-deça du seuil requis pour réduire de manière significative le chômage au Cameroun. D’ailleurs, la loi de finances (LF) 2024, avec un budget arrêté en recettes et dépenses de 6740,1 milliards qui n’a augmenté que de 13,2 milliards par rapport au budget de 2023, est la preuve du ralentissement économique dont les causes ont été identifiées par le chef de l’Etat dans son discours du 31 décembre 2023 à savoir « un contexte international de plus en plus difficile et des contraintes purement internes et anciennes ». Par conséquent, il faudra s’attendre en 2024 à des mesures d’austérité, à l’inflation, à la réduction des dépenses et à la rationalité des investissements. Toutefois, une telle conjoncture économique a aussi des opportunités à saisir et il faut impérativement et urgemment repositionner le dirigisme économique au centre des secteurs stratégiques comme l’agriculture et relancer l’agriculture à grande échelle pour réduire les importations, créer des emplois nouveaux et amorcer l’agro-industrialisation.
Quelle appréciation faites-vous des mesures prises pour promouvoir l’import-substitution comme l’assujettissement au droit d’accises sur des produits importés comme les aliments pour animaux et la suppression de ces droits sur les mèches et autres matières textiles ?
Ce sont des mesures fiscales et douanières nécessaires pour rendre effective la politique d’import-substitution et orienter la consommation vers les produits Made in Cameroon. Il faut également relever l’exonération pendant une période de 24 mois des droits et taxes de douane en faveur des équipements et matériels destinés à l’élevage, la pêche et au développement de la pisciculture. Cependant, il faut que les mesures favorisant l’import-substitution au Cameroun ne soient pas parcellaires, car pendant que la fiscalité et la douane accordent des avantages en 2024, l’accès à la terre pour des surfaces de production et d’élevage à grande échelle et leur financement par les banques demeurent des problématiques non résolues et empêchent d’avoir « les yeux rivés vers un objectif. Le seul qui importe : Le progrès » comme l’a très bien souligné le chef de l’Etat dans son discours à la nation le 31 décembre 2023.
Quels résultats peut-on attendre des mesures de promotion du civisme fiscal comme l’extension de l’exclusion de certaines procédures spécifiques, des contribuables ne respectant pas leurs obligations fiscales ?
Ces mesures telles que l’obligation de transmission automatique des rapports des commissaires aux comptes et des inventaires cotés aux greffes du tribunal avec une amende forfaitaire de 100 millions de F en cas de défaillances et le renforcement de la portée de l’attestation de conformité fiscale pour les demandes de visa, de règlement de factures et des importations vont fortement renforcer le civisme fiscal. Toutefois, il faudra, davantage améliorer auprès du public la perception que les impôts sont utiles et utilises à des fins de développement économique et non d’enrichissement illicite. L’amélioration du climat des affaires est également de mise, avec l’institution d’une procédure spéciale de transaction fiscale pour les créances émises avant le 31 décembre 2022 et l’allègement de 15% à 10% du taux des droits d’enregistrement des cessions de fonds commerce.
Quels avantages pour les opérateurs économiques ?
Ces mesures pour améliorer le climat des affaires telles que l’allégement de 15% à 10% du taux des droits d’enregistrement des cessions de fonds commerce (article 543 du CGI) et la possibilité de fr...
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