Interview : « Nous avons déjà des déclarations qui sont reçues »

La Direction générale des impôts a lancé depuis peu une campagne de sensibilisation sur la déclaration de l’Impôt sur le revenu des personnes physiques. A quelques jours de la fin de cette opération, quel bilan pouvez-vous dresser ?
Depuis le 1er janvier 2024, obligation a été faite à tous les non professionnels résidant au Cameroun de procéder à leur déclaration récapitulative des revenus des personnes physiques. Cette déclaration suppose que tous ceux qui bénéficient d’un salaire, d’une pension, d’une rente viagère, de quels que revenus que ce soit du règne agricole, animal, de l’élevage, des pêches, de l’artisanat, du commerce en général, des bénéfices non commerciaux, d’une activité intellectuelle, sont appelés à faire cette déclaration au plus tard le 30 juin courant. Cette déclaration est une résurgence dans la mesure où elle a été introduite dans le système fiscal camerounais depuis 1973, et en 2002, elle a été retirée du dispositif fiscal. C’est donc plus de 20 ans après qu’elle est remise au goût du jour. Vous comprenez donc que le processus de rééducation des masses peut être long. C’est pour cela que nous avons engagé une vaste campagne qui nous a amenés à associer toutes les autorités administratives, locales, traditionnelles, religieuses, pour nous accompagner dans la sensibilisation des masses. Ces autorités ont bien adhéré.
Pour ce qui du Centre régional des impôts du Centre II particulièrement, nous avons bénéficié de l’accompagnement des chefs de départements ministériels eux-mêmes, qui ont procédé, pour la plupart, à leur propre déclaration. C’est pour dire que l’adhésion pour ce qui est des autorités administratives est totale. Nous avons également dans le cadre de nos activités de sensibilisation, attaqué le volet diplomatique. Les diplomates qui sont accrédités au Cameroun ne sont pas assujettis à l’impôt. Mais, les employés recrutés localement le sont. Nous avons eu un écho très favorable de ce côté-là également. Nous étions par exemple avec les 23 organisations internationales du Système des Nations unies qui nous ont bien accueillis, pareil avec l’Union européenne. Le ministère des Relations extérieures, à travers une note verbale, a rappelé à toutes les missions diplomatiques de rejoindre le mouvement et donc de se conformer à la législation camerounaise. Nous voyons un frémissement dans nos services, avec des arrivées des ambassadeurs eux-mêmes qui viennent s’enquérir de la situation, solliciter des formations à la carte, des séances de sensibilisation.
 

Est-ce que cela correspond à vos attentes ?
Je puis vous dire que le mouvement a véritablement pris corps. Sur nos applicatifs nous avons déjà des déclarations qui sont reçues. Ce n’est pas encore la vitesse de croisière souhaitée, parce que nos fichiers prévoient une moyenne de deux à trois millions de déclarations qui sont attendues, mais j’imagine qu’avec les problèmes de connectivité que le Cameroun a connus dans certaines régions, peut-être que les uns et les autres éprouvent des difficultés à accéder à nos plateformes, mais l’engouement y est et nous l’observons depuis le début de la campagne.
 

En dehors du problème de la connectivité, quelles autres contraintes rencontrez-vous sur le terrain ?
La seule contrainte à gérer est celle du civisme des uns et des autres. C’est ici l’occasion pour nous d’en appeler au civisme des Camerounais. On sait que c’est une habitude qui a été perdue pour ceux qui ont plus de 20 ans. Et ceux qui ont la moyenne d’âge de 20 ans, c’est nouveau pour eux. Il se trouve que c’est la frange de la population la plus importante qui a besoin d’être sensibilisée. Le seul écueil que nous pouvons redouter, c’est bien que les uns et les autres ne soient pas sensibles, mais nous sommes confiants.
 

L’objectif fixé par la DGI dans le cadre de cette campagne était de mobiliser 20 à 25 milliards de F. Cet objectif est-il atteignable ?
L’objectif est réaliste, parce que le calcul est simp...