« Les réformes portent des fruits »

Nikola Spatafora, économiste senior au Fonds monétaire international.

Le rapport présenté vendredi dernier fait état de ce que l’Afrique subsaharienne a plus de mal à maintenir sa stabilité macroéconomique malgré les difficiles réformes mises en œuvre. A quoi cela est-il dû ?
On a accompli de grands progrès dans la région Sud du Sahara. On a eu plusieurs chocs comme le Covid-19, la guerre en Ukraine. Malgré tout ça, on voit maintenant que l’inflation commence à reculer dans la plupart des pays, que la dette s’est globalement stabilisée. Les réformes portent des fruits mais bien sûr avec des différences entre pays. Il faut continuer sur ce chemin. Dans certains pays où l’inflation est déjà dans la bonne cible, on peut commencer un assouplissement monétaire. Du côté budgétaire, en moyenne, la dette par rapport au Pib s’est stabilisée mais à un niveau encore très élevé et là, il y a encore beaucoup de progrès à faire. Un problème c’est que les conditions de financements restent restrictives pour la région en général. Un autre problème c’est que les besoins de développement demeurent très élevés mais en même temps augmenter les impôts n’est pas facile. La population veut vraiment être sûre que ces impôts vont être utilisés d’une façon efficace. Il faut veiller au niveau du déficit, assurer la viabilité de la dette, veiller à ce que les dépenses soient bien gérées et aident pour le développement du pays. Donc on a besoin vraiment d’orienter les dépenses vers les secteurs clés tels que le développement du capital humain, les infrastructures.  


Quand on sait tout ça pour les pays du Sud du Sahara qui ont autant de problèmes, pourquoi est-ce qu’on a l’impression que le Fmi serre davantage la vis lorsqu’il faut apporter un financement à ces pays qui sont le plus dans le besoin ? 
Ce n’est pas le Fmi qui serre la vis, au contraire ce sont les marchés financiers internationaux qui ont toujours et aujourd’hui encore plus, serré la vis. Les écarts ont commencé à se réduire maintenant grâce à la stabilisation macroéconomique, à la restructuration de la dette mais ces écarts restent beaucoup plus élevés qu’auparavant. Le Fmi peut aider dans ce contexte à fournir des fonds mais il est aussi important de regagner la confiance des marchés financiers internationaux. Ici on voit déjà des progrès. Six pays ont commencé cette année des levées de fonds sur les marchés des obligations mais en général, on observe que quand on a plus de stabilité macroéconomique, quand les institutions sont plus durables, quand on augmente la transparence, alors les investisseurs commencent à avoir plus de confiance et les écarts commencent à se réduire davantage. Les pays deviennent également moins vulnérables aux chocs externes. Donc les conditions internes peuvent aider pour le financement externe.


Dans votre rapport les ressources naturelles sont présentées comme un frein à la croissance des pays qui en ont. Qu’est-ce qui fait problème ?
C’est une vieille question, les ressources naturelles : bénédiction ou malédiction ? Elles peuvent être une opportunité ou un défi. Le problème fondamental c’est que dans beaucoup de pays riches en ressources naturelles, surtout dans les pays exportateurs de pétrole, on a des faiblesses structurelles: con...

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