Interview : « Les facilitateurs devront redoubler d’efforts dans les négociations »
- Par Sainclair MEZING
- 09 févr. 2025 17:11
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![Dr Serge Christian Alima Zoa : « La communauté internationale est appelée à réagir face à la dégradation de la situation humanitaire ». Dr Serge Christian Alima Zoa : « La communauté internationale est appelée à réagir face à la dégradation de la situation humanitaire ».](https://www.cameroon-tribune.cm//administrateur/photo/normal_f7e34d2.jpg)
Dr. Serge Christian Alima Zoa, internationaliste, Centre de recherche et d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II-Soa, Université catholique d’Afrique centrale.
Après Goma, le M23 poursuit désormais sa marche vers Bukavu. Qu’est-ce qui explique cette avancée facile de ce groupe rebelle en République démocratique du Congo ?
D’après l’ONU, le M23 a recruté 3 à 5000 combattants ces derniers mois, appuyés par 3 à 4000 militaires rwandais, présents sur le sol congolais. Leur équipement militaire avec des appareils de brouillage, des batteries de missiles sol-air, des drones est saisissant. Les camps de désarmement de la MONUSCO, répartis autour de la ville, sont aujourd’hui débordés. Des milliers de soldats congolais et des Wazalendo s’y rendent pour déposer leurs armes et s’enregistrer. Mais les infrastructures ne suffisent plus, et cela crée des distensions.
La communauté internationale n’arrive pas à s’accorder sur une stratégie commune de sortie de crise. Comment comprendre ces dissensions ?
Les Etats-Unis ont annoncé réduire la présence de leur personnel à leur ambassade. La semaine précédente, ils avaient déjà avisé le départ de leurs employés non essentiels après des attaques contre les représentations diplomatiques dans la capitale congolaise, dont la leur et celle d’autres pays accusés d’inaction face aux avancées du M23 et des forces armées rwandaises. Malgré les quatorze soldats sud-africains morts au combat, le président Cyril Ramaphosa a réitéré à brûle- pourpoint son soutien « au peuple de RDC », en réponse à des critiques dans le pays sur la participation de l’Afrique du Sud à la mission de la SADC, déployée depuis 2023 dans le Nord-Kivu. Et la nouvelle position de fermeté de la Chine à l'égard du Rwanda n'est certainement pas pour déplaire à l'Afrique du Sud. Dans ce conflit, les Européens ont certes clairement condamné en fin janvier « la présence militaire du Rwanda en RDC », et demandé au M23 de « se retirer », mais peinent en réalité à trouver un consensus sur les mesures concrètes à adopter malgré un éventail d’options. Des sanctions individuelles, de coupes dans l'aide budgétaire au Rwanda, voire de suspendre son partenariat avec Kigali sur les ressources minières, ou encore le soutien financier de l'Europe à l'armée rwandaise pour sa lutte contre le terrorisme dans le nord du Mozambique demeurent indécises. Des centaines de Congolais cette semaine devant la délégation de l'UE à Pretoria en Afrique du Sud ont réclamé comme viatique que l'UE se comporte avec le Rwanda comme elle l'a fait avec la Russie après l'invasion de l'Ukraine. Un réseau d'ONG dénonce de son côté l'attitude « complice » et « incohérente » de l'UE vis-à-vis du Rwanda. L'Eurac pointe du doigt un accord signé avec Kigali en 2024 sur l'exploitation de minerais. Au demeurant, pays offrant des gages de stabilité, le Rwanda assure une forte présence sur la scène internationale. D’après certains analystes, il est diplomatiquement très efficace auprès de la communauté internationale. Au fil du temps, Kigali s’est positionné comme un modèle de développement. Le pays est aussi un important contributeur aux missions de maintien de la paix sur le continent et donc un partenaire essentiel. Alors bien sûr, il y a eu des condamnations venues de l’UE, des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Sur le terrain, la guerre continue avec toujours plus de victimes civiles. La communauté internationale est appelée à réagir face à la dégradation de la situation humanitaire déjà fortement éprouvée par 30 ans de conflit ...
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