« Il y a inadéquation entre les besoins et les ressources disponibles »

Jean Pierre Ymele, Directeur général, Hygiène et salubrité du Cameron (Hysacam).

Les rues et grands carrefours de Yaoundé sont envahis pas les déchets ménagers. Que se passe-t-il avec l’enlèvement des ordures ?
Des problèmes de plusieurs ordres sont à l’origine de cette situation regrettable. Le premier facteur qu’il faut considérer, est l’inadéquation entre les besoins de la ville en matière de propreté et les ressources disponibles. Les objectifs contractuels de collecte étant inférieurs au niveau de production des déchets de la ville, qui augmente avec l’accroissement accéléré de la population. Vingt 20.000 tonnes d’ordures ménagères s’ajoutent chaque année à Yaoundé, idem pour Douala, alors que les ressources y affectées avaient plutôt baissé ces dernières années. On note également une absence d’infrastructures qui auraient pu permettre d’atténuer les effets de cette inadéquation des budgets. Le conditionnement des déchets à la base par des poubelles reste problématique. Ainsi, moins de 5% de ménages de nos grandes villes ont des poubelles domestiques appropriées. Ce qui induit une sortie des déchets à temps et à contre-temps, et donc en incohérence avec la programmation des circuits de collecte. C’est l’espace public qui est devenu la poubelle où les ménages viennent déposer leurs déchets. Il y a donc un problème de civisme. La création de plusieurs centres de transfert et de centres de regroupement dans les quartiers inaccessibles aurait pu constituer une solution alternative à l’espace public comme lieu de vidage des déchets. Ces infrastructures auraient eu l’avantage si elles existaient, de contenir les déchets produits à l’intérieur des quartiers, pour éviter qu’ils ne se retrouvent sur les principaux axes transformés aujourd’hui en exutoires.  Il y a des problèmes d’ordre financier qui constituent sans doute l’ossature de ces dysfonctionnements. Je ne reviens pas sur les problèmes administratifs qui sont connus, mais qui malheureusement perdurent à Yaoundé où on travaille sans contrat…


La situation dure depuis un certain temps et semble se répéter. Qu’est-ce qui coince ?
La gestion des déchets urbains est une activité à feu continu qui ne s’accommode pas de rupture. Elle exige que des ressources soient disponibles de manière constante. Pour prendre un exemple, la consommation du carburant dans les Agences Hysacam de Yaoundé et de Douala est de l’ordre 20 000 litres par jour. Il est facile d’imaginer les conséquences d’une journée sans carburant sur l’état de propreté de ces deux villes. Il faut y ajouter les charges salariales, les charges d’entretien de matériel qui ne peuvent souffrir de délai. Or nous sommes régulièrement en situation de créances permanentes sur les partenaires. Depuis au moins six ans, nous terminons chaque exercice avec des impayés équivalant à six mois, voire plus, de prestations. Je crois que la situation doit être la même chez les concurrents quand on regarde globalement le niveau de propreté de la ville. Le problème n’est donc pas Hysacam comme on aurait pu le penser. 


Quelles solutions durables sont-elles proposées au niveau d’Hysacam pour que les ordures soient ramassées régulièrement ? 
Il nous revient de source gouvernementale que des mesures ont été prises pour régler de façon durable cette question, notamment au niveau de la fiscalité de porte et au niveau budgétaire. Des efforts conséquents auraient été faits pour 2025 et nous en savons gré au gouvernement. Nous attendons d’en avoir toutes les retombées au niveau de la trésorerie. Mais nous pensons qu’on pourrait rendre le ...

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