Le sport, vecteur de paix

Mercredi 22 février 2017, Up Station retient son souffle. Bamenda est debout. Comme un seul homme, le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, fait une standing-ovation aux Lions indomptables et à leurs encadreurs, vainqueurs de la 31 édition de la Can le 5 février à Agondjé, banlieue nord de Libreville, face à l’Egypte. Après leur cinquième sacre au Gabon deux semaines plus tôt, à l’initiative du gouvernement, ils ont amorcé une tournée nationale de présentation du trophée à leurs fans. Les étapes de Bamenda et de Buea sont présentées par une certaine presse et les détracteurs politiques du projet comme des « étapes à hauts risques ». Et pourquoi ? La crise anglophone, sous les cendres depuis déjà un an, menace d’éclater. On dénombre même déjà plusieurs morts sur le carreau ! Beaucoup d’observateurs se laissent aller à des pronostics pessimistes. « La tournée connaîtra un immense boycott dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest », entend-on dire çà et là. Le jour dit, les pronostics sont déjoués. A Bamenda, une foule immense accueille la caravane. La « ville morte » décrétée par les porteurs de l’idéologie séparatiste lors du passage de la sélection nationale, est un fiasco cinglant. Bamenda fera un triomphe historique au trophée. Agglutinés aux abords des rues, femmes, hommes, jeunes, applaudissent à tout rompre au passage des héros de Libreville. Tout se passera finalement bien. Sans incident. Deux jours plus tard, les mêmes scènes de liesse indescriptibles sont observées à Buea, chef-lieu de la région du Sud-Ouest. Les populations, bien mobilisées et même endimanchées, défient les mots d’ordre liberticide des faux « généraux ambazonniens » retranchés dans les forêts environnantes. La magie du sport, le pouvoir des Lions indomptables et de leur football vient d’opérer. Dans le brouhaha du conflit alors naissant dans la partie anglophone, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont à l’unisson avec les huit autres régions du pays. 
Flash-Back. Juin 1990. Les Lions indomptables, -toujours eux-, alors engagés à la Coupe du monde de football en Italie, donnaient déjà une leçon d’unité et de cohésion aux théoriciens de la division. Le pays était alors en pleine effervescence politique due au retour au multipartisme. Les performances éblouissantes de la jolie bande à Stephen Tataw, le capitaine courage, allaient plonger le pays, voire l’Afrique dans l’allégresse. L’accession des coéquipiers de Roger Milla en quarts de finale de l’épreuve reine du football, une première alors pour une sélection africaine, fut un moment de pur bonheur pour les fans de football. Là encore, le sport avait uni là où la politique avait voulu diviser. En Afrique, nous pouvons faire mention d’autres situations où le sport a essayé de colmater les brèches, recoudre une relation, retisser un lien social déchiré par la haine. « Le match de la paix » de Bouaké en Côte d’ivoire est toujours cité comme une initiative emblématique de réconciliation politique à travers le sport. En juin 2007, la Côte d’ivoire est alors coupée en deux. Le gouvernement contrôle une partie du pays dont Abidjan, la capitale. Les rebelles ont la mainmise sur le nord et Bouaké, sa métropole. A la demande de Didier Drogba, alors capitaine des Eléphants, le match Côte d’ivoire-Madagascar comptant pour les éliminatoires de la Can 2008 est organisé à Bouaké. Ce 3 juin-là, le résultat sur le terrain est anecdotique (5-0). C’est l’enjeu politique qui prime. Les protagonistes du conflit qu’accompagnent cinq chefs d’Etat africains, les Nations unies, 30.000 spectateurs, des milliers de téléspectateurs, offrent un beau narratif en posant les jalons de la réconciliation de ce beau pays, secoué -alors- par les démons de la division. Le sport a un pouvoir incroyable. Il sait fédérer, rassembler, unir. Les Nations unies ont bien saisi son rôle et son pouvoir. Le 6 avril de chaque année, l’organisation onusienne lui a dédié cette journée.  C’est la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix. 
Elle est commémorée sous la bannière de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). 
Le gouvernement camerounais attache une place importante à la célébration de cette journée. Le ministère des Sports et de l’Education physique organise chaque année une panoplie d’activités pour lui donner un contenu concret. Pour l’édition 2025, les activités ont culminé le 10 avril dernier au Palais polyvalent des sports de Warda à Yaoundé. Au cours d’une cérémonie riche en symboles, le chef de l’Etat était à l’honneur. Paul Biya a reçu un Prix Spécial pour sa contribution au développement du sport et de la paix. On est tenté de s’écrier : « Enfin, justice lui est rendue ! » Depuis son accession à la magistrature suprême en 1982, Paul Biya n’a cessé de promouvoir le sport et les athlètes, tous sports confondus. Ce grand amateur de cyclisme a été l’un des premiers avocats de l’inclusion dans le sport en Afrique. Lors de son premier rendez-vous avec les sportifs au Palais de l’Unité, à l’occasion de la « Journée des Sportifs », le 14 décembre 1982, il déclarait : « Au Cameroun, il n’y a pas de sports majeurs, de sports mineurs, de sports réservés. » 
Pour l’ensemble de son œuvre donc, notamment l’organisation réussie de la Can féminine en 2016, du Chan en 2020, de la CanTotlEnergies en 2022, sa « patte » dans la construction et la réhabilitation des infrastructures sportives, Paul Biya a été h...

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