« Il faut professionnaliser le secteur »

Éric Franklin Kamdjo, directeur des Affaires générales de l’entreprise Namé-recycling.

Le gouvernement vient d’organiser les Etats généraux des ordures ménagères. L’un des axes abordés a été la valorisation de ces déchets. A votre avis, comment peut-on s’y prendre ?
La valorisation des déchets ménagers au Cameroun pourrait s'articuler autour de plusieurs approches complémentaires. Tout d’abord, le compostage des déchets organiques. Nous devons développer des sites de compostage communautaires pour transformer les déchets organiques (qui représentent environ 60% des déchets ménagers au Cameroun) en compost utilisable pour l'agriculture urbaine et périurbaine. Nous proposons ensuite le recyclage des plastiques. Il faut mettre en place des filières de collecte, de tri et de transformation des plastiques en matériaux de construction mobilier urbain ou objets utilitaires, granulés, bobine en fibre polyester, flocon, palettes plastiques, chaises plastiques, tables plastiques etc… La valorisation énergétique est également un autre pilier. Nous pouvons développer la production de biogaz à partir des déchets organiques ou la transformation des déchets en combustibles solides pour les industries locales (Alternative fuel, Alternative raw materials) pour les cimenteries utiles pour la production du clinker. L’économie circulaire permettra également de promouvoir la réutilisation et la réparation des objets, créer des ressourceries dans les quartiers pour prolonger la durée de vie des produits. Sans oublier la sensibilisation et la formation pour éduquer la population sur le potentiel économique des déchets pour changer la perception qu'ils en ont.


Il y a le préalable de la collecte des ordures. Quel modèle de collecte peut-on appliquer au contexte camerounais pour faciliter le recyclage de ces déchets ?
Un modèle hybride et inclusif serait approprié au contexte camerounais. Celui-ci implique plusieurs aspects. A savoir : le système de précollecte communautaire. Il s’appuie sur les associations de quartiers et les petits opérateurs locaux (récupérateurs informels), les comités de développement et d’hygiène et salubrité des mairies pour la collecte primaire dans les zones difficilement accessibles. Ensuite, le tri à la source. Il permet d’introduire progressivement le tri sélectif en commençant par deux flux principaux (organique/non organique) dans les ménages, puis affiner avec le temps. On a également les centrales d’achats pour déchets plastiques. Il favorise l’installation des points de collecte stratégiques dans les quartiers où les habitants peuvent déposer leurs déchets triés contre de l’argent. Nous avons également les Centres de tri décentralisés qui vont créer des centres de tri intermédiaires gérés par des coopératives locales avant transfert vers les sites de traitement. Enfin, la technologie mobile. Elle est utilisée des applications pour signaler les points de collecte, informer sur les horaires et récompenser les comportements écologiques.


De nombreuses initiatives de recyclage existent. Cependant, elles restent au niveau embryonnaire. Comment peut-on les développer pour en faire des entreprises viables ? 
Pour transformer les initiatives embryonnaires en entreprises viables, il faut professionnaliser le secteur afin d’offrir des formations techniques et en gestion d'entreprise aux acteurs du recyclage informel. Ensuite, insister sur les incitations fiscales et mettre en place des exonérations temporaires d'impôts pour les entreprises du recyclage durant leur phase de croissance. Du côté des marchés publics, il faudra intégrer des clauses préférentielles pour les produits recyclés dans les marchés publics (construction, mobilier urbain).


Le financement est aussi u...

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