« Il y a nécessité de poursuivre les efforts d'optimisation »

Dr Fabrice Assoumou Zambo, économiste.

La note de conjoncture de la Caisse autonome d’amortissement vient de signaler une réduction du stock des soldes engagés non décaissés. Comment peut-on analyser cette situation ?
La diminution de 13,1% de ces soldes en fin juin 2025, annoncée par la Caisse autonome d’amortissement (soit 613,9 milliards de F), témoigne favorablement de la gestion des finances publiques camerounaises. Cette baisse, traduisant une amélioration de la capacité d’absorption des financements extérieurs (passant de 4 059,6 à 3 445,7 milliards de F), peut s’expliquer par deux facteurs convergents. D’une part, la maturité technique accrue des projets d’investissement, résultant de l’application rigoureuse du décret de juin 2018 sur la maturation des projets publics : les administrations sectorielles maîtrisent désormais mieux les impératifs de faisabilité technique, d’intégration environnementale et de sécurisation financière, éléments cruciaux pour garantir la mobilisation effective des ressources contractées. D’autre part, la centralisation des fonds de contrepartie au sein du « Basket Fund » géré par la BEAC depuis 2019 produit ses effets, rationalisant la trésorerie publique et accélérant la mobilisation des ressources nationales pour les projets conjoints. 
La Caisse autonome d’amortissement indiquait récemment que ces ressources restent inutilisées du fait de la faible maturité des projets financés par ces prêts, et de la faible capacité du Trésor public à débloquer en temps opportun, les fonds de contrepartie nécessaires. Est-ce à dire qu’il y a une amélioration de ce côté ? 
La contraction du stock des soldes engagés non décaissés constitue effectivement un progrès substantiel et démontre à suffisance que les goulots d’étranglement identifiés depuis plusieurs années commencent à être résorbés. Les données récentes révèlent une performance accrue dans la mobilisation des ressources internes, avec une augmentation de 31,2% des investissements sur ressources propres au premier trimestre 2025. Cette dynamique contraste favorablement avec les difficultés chroniques de décaissement qui caractérisaient la période antérieure, où les décaissements annuels n'excédaient pas 450 milliards de F. Toutefois, cette amélioration demeure relative au regard des défis persistants. En effet, la Banque mondiale exprime encore des inquiétudes quant au rythme de décaissement qui demeure faible, soulignant qu'avec un taux annualisé de 15% contre une cible de 20%, les performances restent en deçà des objectifs. L'âge moyen des projets de quatre ans et le volume important de fonds non décaissés (69% des engagements) confirment l'impérative nécessité de poursuivre les efforts d'optimisation.


La sous-consommation des soldes engagés non décaissés pose quand même un problème dans un contexte où ce sont les financements qui manquent le plus. Comment comprendre cet état de choses ?
La persistance d’un stock de financements inutilisés dépassant 3400 milliards de F au Cameroun, pays aux besoins infrastructurels considérables, révèle un dysfonctionnement systémique. Cette situation paradoxale s’explique par plusieurs facteurs structurels. Sur le plan technique, l’immaturité des projets lors de la signature des conventions financières apparaît comme l’entrave principale, seuls 10 % respectant leur calendrier initial. En outre, les lourdeurs administratives sont significatives : des procédures complexes et va...

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