« Des difficultés de plusieurs ordres »

Dr Ndzana Ntiga Athanase Roland, enseignant de droit public.

Malgré le déploiement d’une force multinationale à Haïti, la situation reste critique. Qu’est-ce qui, selon vous, ralentit le processus ?
La mission multinationale d'appui à la sécurité en Haïti, déployée depuis plus d’un an, peine à atteindre ses objectifs. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : lenteur dans le déploiement, manque de ressources, complexité du terrain. Le 25 juin 2024, les premiers soldats kenyans arrivaient à Port-au-Prince pour épauler les forces haïtiennes dans leur lutte contre les gangs. Un an plus tard, le bilan est jugé catastrophique par de nombreux citoyens, au moment où un rapport de l’ONU alerte sur la montée en puissance des groupes criminels.
Concrètement, cette mission fait face à plusieurs défis : un déploiement insuffisant et lent des forces kenyanes, complétées par des contingents jamaïcains et béliziens, qui restent largement dépassés par l’ampleur des violences. Les gangs armés contrôlent plus de 80 % de la capitale. À cela s’ajoutent un déficit de ressources financières et logistiques, une situation sécuritaire particulièrement volatile, et un manque de coordination entre les contingents étrangers et les forces locales. Sans une mobilisation internationale forte, cette mission est vouée à l’échec.


Pensez-vous que la force multinationale a les moyens de ramener la paix ?
Il est difficile d’affirmer que le gouvernement intérimaire en place dispose de tous les moyens nécessaires. Il doit affronter simultanément l’insécurité généralisée, une crise humanitaire, la corruption, l’instabilité politique et la faim. La tâche est immense, mais certains efforts méritent d’être salués. Ce gouvernement devrait maintenir un dialogue inclusif avec l’ensemble des acteurs politiques et sociaux, renforcer les institutions, et surtout mobiliser un soutien international conséquent pour améliorer les conditions de vie des populations.


Selon vous, quelle est la force derrière le succès des gangs ? 
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, les gangs ont renforcé leur emprise, contrôlant désormais la majorité de Port-au-Prince. La population civile est prise en otage par ces groupes qui pillent, violent, tuent et prospèrent grâce aux rançons et au racket. La faiblesse de l’État, une police sous-équipée et en sous-effectif, ont favorisé cette situation. Le Premier ministre Ariel Henry avait d’ailleurs plaidé pour une intervention étrangère dès octobre 2022 à la tribune d...

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