« Tout commence par un objectif clair »

Est-il vraiment évident d’épargner dans un contexte socio-économique difficile ?
Ce n’est pas évident d’épargner aujourd’hui. Mais ce n’est pas parce que c’est difficile que c’est impossible. La vérité, c’est qu’il faut d’abord remettre les choses dans le bon ordre. On ne commence pas par épargner, on commence par faire un budget. L’épargne ne vient pas de ce qui « reste », elle vient du fait qu’on sait où va son argent. Quand on a une idée claire de ses revenus, de ses charges et de ses priorités, on peut dégager quelque chose, même petit. Et c’est cette discipline qui fait la différence, pas le montant. C’est aussi le message central de mon « Guide pratique  pour reprendre tes finances en main »: Il faut comprendre que la base de toute stabilité financière, c’est le pilotage conscient de son argent.

Comment donc organiser ses revenus pour épargner ?
La clé, c’est la structure, pas la perfection. Dans notre contexte, les modèles venus d’ailleurs comme le fameux 50-30-20 ne collent pas toujours à la réalité. La majorité des Camerounais n’ont pas le luxe de n’affecter que 50 % de leurs revenus aux besoins essentiels ; 30% pour les loisirs et le reste à l’épargne. Alors, on fait autrement. On couvre les besoins de base; on met de côté même une petite somme pour la sécurité. Et on réserve une part pour les projets de vie. L’idée, ce n’est pas de tout faire en grand, c’est de faire avec régularité. Et surtout, fragmenter son épargne: une partie pour les urgences, une autre pour les projets futurs, une autre pour investir plus tard. C’est ce petit cadre personnel qui fait qu’on avance sans stress, à son rythme, mais dans la bonne direction.

Faut-il épargner si on n’a pas d’objectifs clairs ?
Épargner pour épargner n’a aucun sens. On épargne parce qu’on a un but clair. Ce but, c’est ce qui donne de la motivation et du sens à l’effort. L’épargne doit répondre à une question simple: « Pourquoi je mets cet argent de côté ?» Est-ce pour une sécurité financière? Pour un projet personnel ? Pour les études d’un enfant ? Et à partir de là, on choisit le bon canal. Pour ce qu’on veut garder accessible rapidement, un compte mobile ou une épargne bancaire simple. Pour ce qu’on veut faire fructifier, des produits comme des assurances, des tontines encadrées ou des fonds d’investissement. Mais tout commence par un objectif clair, une durée et un montant à atteindre. Sans ça, on met juste l’argent de côté sans vraie direction.