« Il existe aujourd’hui une communication structurelle »

Dr Philippe Ngandeu, médecin du travail, médecin Santé publique.

Etre atteint du Sida n'est jamais facile à accepter pour le malade et son environnement. Avez-vous l'impression aujourd'hui que les mentalités ont évolué en milieu professionnel ?
Les mentalités en milieu professionnel au Cameroun ont nettement évolué face au VIH/sida.
La stigmatisation ouvertement assumée d’hier laisse progressivement place à des politiques plus humaines et responsables. Les chiffres parlent : la prévalence nationale est passée d’environ 5,4 % au milieu des années 2000 à moins de 3 % ces dernières années, signe d’un engagement collectif plus fort. Sous l’impulsion du ministère de la Santé publique et du Comité national de lutte contre le Sida (Cnls), le monde du travail a intégré des actions structurées : campagnes régulières de sensibilisation, dépistage volontaire en entreprise, formation de pairs éducateurs, et dispositifs de confidentialité et non-discrimination. Plusieurs entreprises vont plus loin encore, en soutenant la réinsertion professionnelle des personnes vivant avec le VIH et en valorisant une culture d’inclusion. Bien sûr, quelques résistances persistent, surtout dans les milieux moins informés. Mais la dynamique globale est claire : le VIH n’est plus un tabou intoléré dans l’espace professionnel. C’est désormais un enjeu de santé publique assumé, où l’humain reprend progressivement sa place, et c’est une avancée majeure.

Qu'est-ce qui est fait pour protéger en entreprise les dossiers médicaux des personnes atteintes de VIH ?
 Au Cameroun, la protection des dossiers médicaux des employés vivant avec le VIH repose d’abord sur le secret médical, inscrit dans la loi et dans la déontologie médicale. Les données de santé sont aussi classées données sensibles, ce qui impose des règles strictes d’accès et de confidentialité. Dans les entreprises, cela se traduit par des pratiques comme l’anonymisation des dossiers, la limitation d’accès aux informations médicales et des procédures internes de confidentialité. Mais soyons clairs : si le cadre existe, son application reste inégale. Il y a encore des manquements visibles, souvent liés autant au manque de formation des employeurs qu’à une méconnaissance du secret médical par certains patients eux-mêmes. Il faut continuer à sensibiliser, à pédagogiser, et à renforcer les bons réflexes de confidentialité, pour que la protection des données de santé ne soit pas seulement un principe, mais une réalité quotidienne.

Y a-t-il une communication autour de la maladie pour éviter la stigmatisation ?
Il existe aujourd’hui une communication structurée pour réduire la stigmatisation liée au VIH au Cameroun. Chaque année, le Mois camerounais de lutte contre le sida, piloté par le CNLS et le Minsanté, porte des messages clairs : pr&eacut...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie