Lutte contre la corruption : un arsenal à renforcer

De l’avis général, confirmé par les chiffres issus des Rapports sur l'état de la lutte contre la corruption au Cameroun publiés au fil des ans par la Commission nationale anti-corruption (Conac) ainsi que par les différents classements internationaux en matière de gouvernance, le Cameroun ploie toujours sous le poids de la corruption avec ses conséquences désastreuses. Le fléau est si profond qu’il a pris la forme d’un cancer dont les métastases doivent être combattus sans répit. Chaque année, des milliards de F continuent ainsi d'être détournés des caisses de l'État par des prévaricateurs qui considèrent l’État comme une vache à lait qu’ils peuvent traire à volonté à leur profit. Les Camerounais paient encore et toujours pour certains services publics censés être gratuits. Parce que « la chèvre broute là où elle est attachée », l'extorsion des usagers par des agents publics reste monnaie courante sur nos routes, dans nos hôpitaux, nos administrations publiques, nos écoles, nos mairies, etc. Selon le Rapport sur l'état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2024, le préjudice financier subi par l’État l’an dernier du fait de la corruption s’élève à plus de quatre milliards F. Un montant, on s’en doute, inférieur à la réalité parce qu’il ne représente à vrai dire que la partie visible de l’iceberg, compte tenu du fait qu’au cours de cette même année, de nombreux actes de corruption n’ont pas été dénoncés. Si on tient compte des pertes financières occasionnées par les nombreux chantiers abandonnés et la mauvaise exécution de plusieurs projets de développement, alors même que des missions de contrôle ont été mobilisées pour veiller au respect rigoureux du cahier de charges par les entreprises adjudicataires des marchés publics, le montant des pertes à la fois pour l’État, l’économie et la société va exploser. Notons à cet égard qu’en 2023, le préjudice financier était de plus de 114 milliards de F pour l’État. Des fonds mal acquis qui ont enrichi quelques individus au détriment de la majorité.                                                                  
Dans ces conditions, les inégalités sociales continuent à se creuser. Des vidéos montrant les propriétés somptueuses de certains commis de l’État au train de vie princier sont virales sur les réseaux sociaux, sans qu’aucun procureur ne monte au créneau pour ouvrir une enquête sur l’origine douteuse de ces biens appartenant à des fonctionnaires dont le salaire mensuel avoisine rarement les 300 mille F par mois. La captation d’une partie des deniers publics par des gestionnaires indélicats prive le Trésor public d’importantes ressources qui auraient pu être investies dans la réalisation des projets d’équipement collectif pour améliorer le cadre et les conditions de vie des populations en milieu urbain et rural. Dans un pays où le déficit infrastructurel est criard et l’accès aux services de base limité.
Tel est le sombre tableau qui s’offre au regard au moment où démarre le septennat des grandes espérances du chef de l’État. Pas alors étonnant que le président de la République, Paul Biya, dans son discours inaugural le 6 novembre 2025 à Yaoundé, ait promis que « les efforts engagés dans la lutte contre la corruption seront intensifiés ». Les attentes sont ...

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