Patrimoine : une héroïne nommée Martha Ndumbe

La reconnaissance des figures marquantes de la colonisation a connu un pas important le samedi 18 octobre 2025 à Berlin, avec l’inauguration officielle dans la capitale allemande de la « Place Martha Ndumbe ». Ainsi, après un long combat mené par des initiatives luttant contre le racisme et le colonialisme comme Decolonize Berlin et AfricAvenir International, la mairie de Berlin-Mitte a voté le 23 janvier dernier pour honorer Martha Margarethe Ndumbe, métisse née d’un père camerounais et d’une mère allemande. Cet hommage marque la fin de l’ère de la « Place Nettelbeck », qui honorait depuis plus d’un siècle un ancien esclavagiste, colonialiste et raciste allemand. Pour le Pr. Kum’a Ndumbe III, fondateur d’AfricAvenir International, Martha Ndumbe est honorée « en tant que femme, en tant que Noire, en tant qu’être humain ». Il estime que cet hommage est un pas vers une « autre Allemagne décolonisée », loin du racisme toxique.
L’histoire de Martha Margarethe Ndumbe est celle d’une vie brisée par le racisme toxique. Née à Berlin en 1902, elle est le fruit d’une relation entre le Noir Jacob Njo'a Ndumbe et la Blanche Dorothea Elisabeth Grunwaldt. Son père, dont l’itinéraire a été retracé comme parti de Bonabéri, est arrivé en Allemagne en 1896 pour être présenté dans un zoo humain au cours de l’exposition coloniale. Dès sa naissance, Martha fut pointée du doigt en tant que « métisse ». Après le décès prématuré de son père en 1919, Martha connut, comme lui, un cycle de chômage permanent, de vie précaire et de racisme prononcé. Elle dut survivre par des « petits vols », la prostitution, et des arrestations répétées par la police. Cette existence sans issue culmina sous l’Allemagne nazie d’Hitl...