« Ce n'est pas vraiment la forme qui compte dans les 2-0 »

Pouvez-vous nous éclairer sur l’émergence et la croissance des groupes 2-0 (vétérans) dans le pays ?
Il faut dire que l’émergence des 2-0 naît de quelques figures. La première, ce sont des jeunes gens qui sentent ensemble une passion pour le football et qui essayent de le structurer de manière à ce que ça ne soit plus une action spontanée mais encadrée. Le deuxième cas de figure, ce sont des gens qui ont grandi ensemble, qui, à un moment donné, jouaient tous au football avec la même passion, et qui ont pris de l'âge et se disent qu'ils doivent continuer à jouer, créent un 2-0 qui devient une association. Il y a aussi une troisième catégorie qui, en réalité, est liée au désir mimétique, c'est-à-dire ressembler aux autres, en essayant de prendre la même dynamique.

Quel rôle pensez-vous que les groupes de 2-0 jouent dans la construction des relations sociales et la dynamique communautaire ?
En réalité, le football est un prétexte parce que dans le cadre des 2-0, on se rend compte qu'il y a la dynamique de la vie hors 2-0 qui interpelle les uns et les autres. C'est un lieu d'articulation des liens sociaux car les gens se font des amitiés. C'est un lieu de solidarité, c'est-à-dire qu'en cas de bonheur ou en cas de malheur, ces personnes se mobilisent et vous assistent de manière sérieuse, comme s'ils étaient membres de votre famille. Et puis ici, on n'a plus les ethnies, on n'a plus les tribus, la seule tribu et la seule ethnie qu'on a c'est le ballon. Et autour du ballon, les catégories sociales n'existent plus. Donc de mon point de vue, c'est un espace de « sportisation » des comportements des individus. On apprend le Fair-play, à se tolérer les uns et les autres, à blaguer et à vivre ensemble malgré nos différences. Autre chose de non négligeable, il y a également beaucoup des gens dans les 2-0 qui ont trouvé un emploi. Certains trouvent la possibilité de construire durablement leur vie. Le 2-0 est une institution, si on devait le dire dans le sens sociologique, c'est un fait social total. Certains trouvent des nominations à l'intérieur des 2-0. Donc, c'est un aspect qu'il ne faut pas ignorer. Il y a des gens qui viennent dans les 2-0 en réalité, parce qu'ils savent qu'un tel est membre et qu’en le fréquentant ils peuvent avoir des faveurs, des contacts en retour.

Dans le cadre des groupes 2-0, on évoque souvent un aspect essentiel appelé « la troisième mi-temps ». Pourquoi a-t-elle été instituée, et comment est-elle organisée ?
Je crois que c’est parce que beaucoup travaille pour la plupart en semaine et quand le week-end arrive ils se retrouvent au 2-0. Généralement après une rencontre, les gens ont besoin, à un moment donné, de se rafraîchir. Et quelques-uns peuvent avoir la volonté de donner à boire. Par la suite, on s'est rendu compte que ça pesait sur un seul individu et on l'a institué. Dans certains 2-0, il y a une partie du financement qui vient des membres. Généralement, le président est celui sur qui ça pèse davantage parce qu'il a cette obligation que la troisième mi-temps vive. En réalité, les gens en capacité peuvent donner davantage même pour ceux qui n’ont pas assez. C'est vraiment un espace dans lequel on apprend à vivre ensemble. Et les jeunes qui sont dans notre association, on ne leur permet pas de boire de l’alcool, parce que nous avons des lycéens et des universitaires.

On observe souvent des dérives dans ces associations, telles que des relations extraconjugales ou des membres qui viennent avec des femmes qui ne sont pas leurs partenaires. Comment un président de groupe 2-0 gère-t-il ces situations ?
Notre 2-0 est suffisamment responsable. Les femmes ne sont pas membres. Mais il peut arriver que quelqu'un amène une femme qui intéresse d'autres membres du 2-0. Et ça crée parfois des conflits sérieux qui créent le désordre à l'intérieur du groupe. Il est donc question de les résoudre. En tant que pr&eac...