Approvisionnement en eau potable : le défi de l’accès universel

Dans son discours du 31 décembre 2022 à la nation, le président de la République, Paul Biya, déclarait : « L’accès de nos populations à l’eau potable demeure l’une de mes principales préoccupations. L’achèvement du Projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et de ses environs à partir du fleuve Sanaga viendra résoudre de façon durable le déficit d’approvisionnement en eau dans cette cité. De même, j’ai demandé au gouvernement de finaliser en urgence les diligences relatives au lancement, dès 2023, du mégaprojet d’adduction d’eau potable de la ville de Douala et de ses environs. Au-delà de nos grandes métropoles, des ouvrages de production ont été réalisés dans certaines villes secondaires, notamment Bamenda, Bertoua, Ngaoundéré et Ebolowa. La construction de ces ouvrages va s’étendre à d’autres localités urbaines et rurales au courant de l’année. » Ces propos se sont transformés dans les faits en un instrument stratégique majeur pour le secteur de l'eau au Cameroun : le Programme prioritaire quinquennal d’investissement 2023-2027 (PPQI) mis en œuvre par la Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER), la compagnie étatique d’approvisionnement en eau potable. 
Ce plan colossal, dont le coût total est estimé à 4 673 milliards de F, doit répondre à un défi : l'accès à l'eau potable pour les populations camerounaises en milieu urbain et périurbain demeure une préoccupation principale. Le secteur est confronté à des défis majeurs, à la fois techniques, opérationnels et financiers, que le gouvernement s'efforce de résoudre à travers des programmes d’investissement ambitieux. Ainsi, malgré l’importance des infrastructures, le Cameroun affiche un taux de desserte de la population de moins de 40%. Sur le plan technique, l’état du réseau de distribution ne permet qu’à environ 60% de l'eau traitée d'atteindre les populations. Le réseau est affecté par de nombreuses fuites (environ 35 000 détectées en 2021). Ajouté à cela, CAMWATER est confrontée à une fraude massive sur le réseau, ayant atteint des proportions inquiétantes à Yaoundé et Douala. Ces fraudes entraînent un manque à gagner financier cumulé de plus de 10 milliards de francs CFA par an.
Pour surmonter ces difficultés, le gouvernement a donc mis en place des action...