La 35e Coupe d’Afrique des Nations s’ouvre dans une dizaine de jours au Maroc. Et ce ne sera pas au soleil. Pour la première fois de l’histoire, la CAN va se jouer en décembre. C’est-à-dire en plein hiver dans le pays organisateur. On plaint les joueurs locaux qui y sont sélectionnés. Parce que les conditions climatiques ne seront certainement pas à leur avantage. De toute façon, les pères fondateurs de la Confédération africaine de football doivent bien se retourner dans leurs tombes, à force de voir cette compétition devenue l’un des rendez-vous majeurs du calendrier mondial, ballotée au gré d’intérêts extérieurs au continent africain. D’abord prévue en juin-juillet 2025, cette édition a finalement été décalée en décembre pour ne pas interférer avec la nouvelle Coupe du monde de clubs programmée au même moment aux Etats-Unis. L’autre mauvaise nouvelle à ce sujet est tombée il y a quelques jours, quand la Fédération internationale de Football Association (FIFA) et l’Union européenne de Football Association (UEFA) se sont mises d’accord pour arrêter un nouveau délai de libération des joueurs… africains en partance pour la CAN. Délai évidemment calqué sur les intérêts des clubs européens. Ça s’est évidemment fait en l’absence de la Confédération africaine de football, et sans que cela ne suscite la moindre réaction de la CAF.
Voilà les éléments d’un scenario digne des années d’avant indépendances en Afrique. Quand le continent était traité pas moins qu’un cadet planétaire, un enfant mineur, incapable de s’assumer. Quand les décisions sur son présent et son avenir étaient prises par d’autres. 65 ans après, les stigmates de cette période sombre résistent plutôt bien au temps. Notre bien aimée Coupe d’Afrique des Nations, pourtant de plus en plus respectée au-delà du continent, comme l’atteste l’intérêt grandissant des sponsors et des grands médias d’ailleurs, est visiblement victime d’une prise d’otage en bonne et due forme. L’Europe du football, toute puissante et condescendante a entrepris de dicter les règles pour préserver ses propres acquis. C’est donc elle qui fait des mains et des pieds pour que la CAN épouse le calendrier UEFA, quitte à changer de périodicité. C’est elle qui fixe et modifie les modalités pratiques de la relation entre ses clubs où évoluent bon nombre de footballeurs venus d’Afriques et les sélections nationales. C’est elle qui décide, dans une attitude de « partage du lion ».
Résultat : les supporters des Lions indomptables regarderont le match de leur équipe dans la soirée du 24 décembre prochain, en pleine fête de Noël, là où chacun se serait attendu à se retrouver « au calme », en famille pour le réveillon. Alors tant pis si toute la maisonnée n’est pas fan de football. Ceux qui n’aiment pas vont peut-être subir la loi du nombre. Ou aller voir ailleurs. Et mine de rien, voilà la CAN qui va peut-être empoisonner l’ambiance dans les ménages, un jour spécial comme celui-là. Ce n’était assurément pas ça, l’idée des créateurs de la compétition, censée être une fête, un grand rassemblement des fils et filles du continent autour des valeurs du sport. Mais si le sport en vient à entrer en conflit avec la famille, ça devient un problème. C’est pourtant ce qu’on est en droit de craindre, avec la nouvelle configuration des choses. En Europe, au même moment, les acteurs du football - à l’exception peut-être de l’Angleterre avec sa tradition du « Boxing Day » - seront au repos, et bien au chaud dans leurs appartements douillets entourés de leurs proches.
Question : la Confédération africaine de football (CAF) est-elle devenue une annexe de l’UEFA ? Il est bon que les dirigeants actuels du football africain trouvent une réponse à cette interrogation, en se regardant dans la glace. Si c’est oui comme il paraît, alors il faut s’attendre à ce que les ingérences se poursuivent. Il faut s’attendre à ce qu’on finisse par nous imposer de jouer la CAN tous les quatre ans, exactement comme l’Euro. Parce que, vous l’aurez compris, il n’es...
Cet article complet est réservé aux abonnés
Déjà abonné ? Identifiez-vous >
Accédez en illimité à Cameroon Tribune Digital à partir de 26250 FCFA
Je M'abonne1 minute suffit pour vous abonner à Cameroon Tribune Digital !
- Votre numéro spécial cameroon-tribune en version numérique
- Des encarts
- Des appels d'offres exclusives
- D'avant-première (accès 24h avant la publication)
- Des éditions consultables sur tous supports (smartphone, tablettes, PC)




Commentaires