« Il ne s’agit plus de gérer l'existant, mais de créer de la richesse »
- Par Yvan BOUNOUNG
- 22 Dec 2025 17:11
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Henri Severin Assembe, expert en décentralisation.
Les exécutifs des Conseils régionaux ont pratiquement été élus dans les 10 régions. D'après vous, quelles devront être les priorités de ces instances au cours de cette mandature qui débute dans un contexte où les populations sont de plus en plus exigeantes ?
La mise en place des exécutifs régionaux s'inscrit désormais dans un cycle nouveau. Après une période de rodage, l'heure est à l'efficacité opérationnelle, soutenue par une puissance financière sans précédent. La période 2020-2025 a été celle de la phase de découverte. Pour les Conseils régionaux, il s'agissait de s'approprier un cadre juridique complexe, d'installer des administrations et de se faire connaître des populations. Pour les citoyens, c'était le temps de l'observation. Avec la mandature qui débute, les priorités doivent radicalement changer d'échelle. Elles doivent être tournées vers la transformation économique locale. Il ne s'agit plus de gérer l'existant, mais de créer de la richesse. La priorité est d'utiliser les compétences transférées pour stimuler les filières productives (agro-industrie, bois, mines artisanales) afin de répondre à la demande pressante d'emplois des jeunes. Il y a également le rattrapage infrastructurel. C’est-à-dire que les populations exigent désormais des résultats visibles. La priorité doit être mise sur le désenclavement numérique et physique, ainsi que sur l'autonomie énergétique des structures de santé et d'éducation régionale. Nous avons ensuite la cohésion sociale et la résilience. Dans un contexte sécuritaire parfois fragile, les régions doivent devenir des vecteurs de paix par un développement inclusif qui réduit les disparités entre les départements.
Quelles stratégies devraient adopter les exécutifs régionaux pour réaliser ces priorités et rendre davantage concrètes leurs promesses et engagements ?
L'une des grandes nouveautés au moment où ces exécutifs viennent d’être élus c’est l'explosion de la dotation générale à la décentralisation (DGD), qui a presque triplé pour s'établir à environ 1106 milliards de F. Parallèlement, la nouvelle fiscalité locale vise un doublement des recettes propres aux collectivités. Pour rendre leurs actions concrètes, les exécutifs devront professionnaliser la chaîne de projets. L’improvisation n'est plus permise. Les exécutifs doivent recruter des experts en montage de projets complexes pour garantir que les budgets soient consommés de manière efficace et transparente. Ils doivent maîtriser le nouveau levier fiscal. Pour doubler les recettes, les régions doivent moderniser le recensement des contribuables locaux et digitaliser le recouvrement. L'enjeu est de prouver au citoyen que l'impôt payé localement est immédiatement réinvesti dans un projet visible (un pont, une école, un forage). Il faut aussi passer du « Micro » au « Structurant ». En d’autres termes, au lieu de multiplier de petits projets éphémères, les exécutifs doivent privilégier des investissements à fort effet de levier comme la création d'une zone industrielle régionale ou d'un centre technique d'excellence.
Il est reproché à l’Etat ...
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