« La campagne est une épreuve de crédibilité et de sérieux »

Quelle appréciation faites-vous de la manière dont les candidats en lice pour le scrutin du 12 octobre se déploient sur le terrain, depuis le lancement de la campagne électorale ?
Depuis l’ouverture officielle de la campagne électorale le samedi 27 septembre dernier pour l’élection du 12 octobre prochain au Cameroun, les candidats déploient des stratégies variées qui reflètent la complexité du paysage politique et les différentes attentes des électeurs. Ces stratégies vont de la mobilisation de masse, très visible dans les meetings et rassemblements, à des actions plus ciblées, interactives, et adaptées aux spécificités locales. Cette diversité illustre non seulement les enjeux politiques majeurs, mais aussi les fractures socio-électorales qui caractérisent le Cameroun contemporain. Le président sortant Paul Biya et son parti le RDPC privilégient une stratégie classique de campagne de masse, axée sur leur base traditionnelle dans plusieurs régions du pays, notamment dans les zones favorables depuis plusieurs décennies. Sa communication met en avant la stabilité et l’expérience. Cette stratégie vise à rassurer un électorat attaché à la continuité politique et à l’ordre établi.

La façon de battre campagne peut-elle influencer le résultat d'une élection, et précisément cette élection présidentielle ?
La façon dont une campagne électorale est menée joue un rôle fondamental dans l’issue d’une élection, et cela est particulièrement vrai pour une élection présidentielle aussi cruciale que celle du Cameroun en octobre 2025. En effet, la campagne est le principal moment d’interaction entre les candidats et les électeurs, au cours duquel ils cherchent à se faire connaître, à convaincre, puis à mobiliser. Premièrement, une campagne efficace permet d’accroître la visibilité d’un candidat et de rendre son message compréhensible, clair et pertinent pour les différentes catégories d’électeurs. Dans un pays aussi diversifié que le Cameroun où les enjeux varient entre zones urbaines et rurales, les différentes régions et les différentes tranches d’âge, il est crucial d’adapter le discours et la stratégie de communication. Par exemple, le président sortant Paul Biya pourrait s’appuyer sur son réseau établi et son image de stabilité, en ciblant surtout ses bastions traditionnels avec des meetings et mobilisation de masse. Cette stratégie classique est efficace pour consolider son électorat fidèle.
D’autre part, les candidats de l’opposition devront privilégier une approche plus interactive et ciblée, notamment en s’adressant à la jeunesse, aux électeurs urbains et aux milieux critiques et en recourant aux réseaux sociaux, forums et rencontres locales. Une campagne qui intègre ces canaux modernes peut mieux capter les attentes d’un électorat plus informé et préoccupé par des questions de gouvernance et de renouvellement politique. Ensuite, la manière de battre campagne influe sur la mobilisation réelle. Les campagnes physiques dans les quartiers, villages, marchés, combinées à une présence digitale, favorisent une participation plus active de l’électorat. Le renforcement des liens avec les communautés permet aussi de dépasser une certaine défiance envers les élites et d’instaurer un climat de confiance. Enfin, la campagne est aussi une épreuve de crédibilité et de sérieux. Les candidats qui sauront non seulement exposer un programme clair, mais aussi montrer une constance, un engagement sincère, gagneront en légitimité. La campagne reflète ainsi la capacité d’un candidat à être un leader responsable capable de répondre aux défis variés du pays. Pour cette présidentielle, la façon de battre campagne sera déterminante car elle conditionnera la capacité à toucher des électeurs divers, à répondre aux attentes parfois contradictoires et à faire la différence dans un contexte sociopolitique marqué par des fractures. Une campagne bien menée, stratég...