La nouvelle route de la soie en questions
- Par Marie Claire
- 09 mai 2019 11:53
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En lançant cette idée de nouvelles routes de la soie en 2013, Xi Jinping n’imaginait sans doute pas l’impact de son initiative à travers le monde. Six ans plus tard, 130 pays, dont le Cameroun, et une quarantaine d’organisations internationales s’y sont formellement affiliés et s’activent à engranger des dividendes. Au cœur du projet, la construction d’infrastructures et leur interconnection, la facilitation du commerce international et de l’investissement. En effet, les pays concernés doivent consentir des conditions transactionnelles préférentielles, à terme, afin d’optimiser leurs profits.
De même, le leader chinois était loin d’entrevoir le tollé qu’il allait également provoquer. Car le projet ne fait pas que des heureux. Si un expert singapourien membre du Groupe de réflexion y voit « le grand retour de l’Asie», sa renaissance économique, culturelle et historique, les puissances occidentales, et certaines institutions internationales ont un jugement plus nuancé, pour des raisons diverses. La Banque mondiale estime ainsi que l’endettement nécessaire à la réalisation des infrastructures met en grand danger les pays en développement.
Pour l’éditeur anglais du livre de Xi Jinping publié sur le sujet, qui présentait son ouvrage à Beijing, cette initiative est un mécanisme et une opportunité pour tous les pays de s’ouvrir les uns aux autres par une meilleure connectivité. Plus : « C’est un moteur qui remet en question l’ordre établi. » Ce qui explique les efforts diplomatiques du côté de l’Occident pour empêcher les adhésions, et l’hostilité d’une certaine presse qui n’y voit qu’un masque pour l’expansionnisme de la Chine.
Mais la Chine n’est pas sans voix devant les critiques. Elle pense, en ce qui concerne l’augmentation de la dette, que la plus-value engrangée par les effets induits dans le commerce et l’urbanisation rendront celle-ci soutenable. Quant à ceux qui l’accusent, selon le mot d’un expert américain, de vouloir créer « un nouveau centre du monde », la Chine répond que si elle n’est pas le centre du monde, elle en est certainement devenue un pôle. Et son initiative s’ajoute à celles qui existent, sans les délégitimer.
Les experts chinois expliquent de leur côté que l’ancien ordre mondial avait placé l’Occident au centre et les pays en voie de développement à la péripherie, en établissant des rapports de dépendance, sur la base de l’unipolarité. La Chine propose a contrario un monde interdépendant, plus inclusif, multilatéral, qui interagit. Quant aux règles qui régissent ce nouveau modèle, elle affirme qu’elles devront changer, même s’il est surtout question pour le moment de mieux appliquer celles qui existent, puis de les réformer.
Nous entendons les inquiétudes, les peurs, les critiques, dit en substance la Chine, mais puisque « La ceinture et la route » prend en compte la lutte contre la pauvreté, la corruption et les changements climatiques, puisqu’elle priorise le développement et l’écologie, tout en s’inspirant du multilatéralisme au moment où l’Occident s’en débarrasse, puisqu’elle s’arrime à l’Agenda 2063 des Nations unies, elle va à coup sûr dans le sens d’une meilleure gouvernance mondiale, se convainc-t-elle.
Il est pourtant une question à laquelle un acteur important de ce projet, l’Afrique, n’a p...
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