« L’Afrique centrale doit être plus dynamique »

Jean-Marie Benoît Mani, membre du conseil d’administration d’Afreximbank.

L’Afrique centrale demeure jusqu’ici en retard en termes de commerce, comparée aux autres parties du continent. Quelles sont selon vous les contraintes qui expliquent cette situation ?
Vous avez effectivement raison de le souligner. Je pense qu'il est réellement temps que toute l'Afrique se mette ensemble et en branle pour travailler pour son développement et bâtir un avenir meilleur pour les générations futures. Il sera difficile que le développement du continent se fasse pays par pays. Il devra nécessairement se construire en bloc. Les Africains doivent travailler ensemble et se mettre tous progressivement à niveau sur tous les plans, et parler d'une seule et même voix, de manière à pouvoir être audibles et compter face à ces autres grands blocs. L'essor économique se joue aussi en grande partie sur une bonne compréhension de ces enjeux géopolitiques. C'est ce que doivent donc comprendre de manière globale l'Afrique centrale et de manière individuelle tous les pays qui la composent. L'Afrique centrale doit œuvrer pour prendre une bonne place dans tout ce qui se fait au niveau africain, en étant beaucoup plus dynamique. Un cas typique, à titre d’exemple : dans le portefeuille d'Afreximbank, selon les derniers chiffres, l'Afrique de l'Ouest compte pour 38%, l'Afrique du Nord pour 28%, l'Afrique australe pour 19%, l'Afrique de l'Est pour 12%, mais l’Afrique centrale, y compris la RDC, seulement pour 3%, d'ailleurs en diminution par rapport aux 3,3% de l'année d'avant.

Comment le Cameroun peut-il véritablement profiter du commerce intra-africain et en faire un levier de sa croissance économique ?
En parlant de l'Afrique centrale de manière globale, je viens de mentionner la question du dynamisme. Je vais préciser ce que j'entends par dynamisme, car vous pourriez me rétorquer que les Camerounais sont considérés comme un peuple dynamique, et ils le sont effectivement. Mais le dynamisme dont il s'agit ici est tout autre, car il ne s'agit pas de beaucoup bouger tout en restant dans son coin. Il s'agit de s’ouvrir et de sortir pour aller vendre ailleurs dans tout le continent. Cela suppose donc tout d'abord d'aller prendre des informations, pour connaître ce que font les autres, ce que veulent les autres, et comment on peut s'insérer dans les circuits qui existent ou alors en créer soi-même de nouveaux pour ses produits, avec les contraintes et les opportunités existantes. C'est donc tout d'abord une bonne prise d'informations. Et cela doit consister dans un premier temps à une participation plus accrue à tous les forums qui se tiennent à ce sujet, et donc notamment à cette foire sur le commerce intra-africain. La deuxième condition c'est de prendre des engagements et des actions nécessaires pour produire plus et mieux. La dernière condition, sans prétendre être exhaustif, c'est de s'engager à fournir des produits de qualité et le meilleur service possible, et cela suppose de mettre en place des mécanismes de contrôle de qualité, dans une rigueur et une honnêteté irréprochables. Enfin, sur un plan purement macroéconomique, l’Etat doit veiller à mettre progressivement à niveau toutes les infrastructures nécessaires pour que les opérateurs économiques prod...

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