Faux documents : une vraie gangrène
- Par Jean Francis
- 22 août 2022 10:39
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Le 10 août 2022, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense (Mindef), Joseph Beti Assomo a annoncé la radiation, des centres de formation des forces de défense et de sécurité, de près d’un millier de recrues du contingent 2022, dont des élèves officiers et sous-officiers. Comme une trainée de poudre, la nouvelle s’est répandue au sein de l’opinion, provoquant le tollé général. Ce, non pas du fait de la décision du membre du gouvernement, mais plutôt par l’ampleur du phénomène décrié. Trois jours plus tard, alors qu’il recevait des sportifs des équipes des Forces armées et police (FAP) qui s’étaient distingués positivement dans des compétitions internationales, le Mindef est monté au créneau pour dénoncer, en des termes très durs, des tricheurs et des faussaires qui tentent d’accéder par des moyens illégaux au sein de la gendarmerie et des armées. Le courroux du membre du gouvernement pouvait se comprendre. Car, comment admettre en effet que des personnes susceptibles de conduire des enquêtes ou alors appelées à défendre l’ordre public soient elles-mêmes déjà des pourfendeurs du droit, parce qu’ayant accédé à cette fonction par la tricherie, là où des Camerounais valeureux, ayant suivi un cursus scolaire et académique normal, n’ont pas pu être retenus.
Malheureusement, il est loisible de constater que ce qui est arrivé aux 929 jeunes gens reconnus coupables de faux pour accéder dans les armées et la gendarmerie, ne saurait être le seul apanage de ces corps, dont chacun d’entre nous s’emploie à reconnaître le caractère sensible. Des enquêtes minutieuses dans la plupart des administrations publiques et même privées au Cameroun pourraient amener à découvrir des choses effarantes. Parfois, à des niveaux très élevés. L’on sait ce que représentent souvent dans les structures publiques et mêmes privées, les opérations de contrôle des documents et autres actes des personnels. Certaines entreprises du secteur public en ont fait l’amère expérience il y a quelques années encore, voyant ainsi « partir » des dizaines de cadres qui avaient choisi de quitter les choses avant que ne soit découvert que les diplômes qu’ils avaient présenté pour se faire recruter n’avaient que la valeur des feuilles de papier qu’ils représentaient. D’autres personnes, moins chanceuses, ont dû payer le prix fort, allant jusqu’à des emprisonnements pour avoir voulu faire fortune sur le dos du contribuable en accédant à certaines structures grâce à de faux diplômes. Certains, hélas, sont souvent passés entre les mailles du filet. Parvenant parfois à occuper de hautes fonctions dans l’appareil étatique. Le faux dans les documents continue de prendre des proportions inquiétantes au Cameroun.
Il faut néanmoins relever, pour le regretter, que ce phénomène ne concerne pas uniquement les diplômes. Il y va de la plupart des actes administratifs et même commerciaux. Des actes d’état civil aux bulletins de paie en passant par les pièces d’identification, tout y passe. Le début d’informatisation du système d’établissement des cartes nationales d’identité a laissé sur le carreau de nombreux Camerounais qui n’arrivent pas à se procurer cette pièce essentielle. La raison ici est simple : nombreuses parmi ces personnes présentent une double identité. Difficile dès lors d’obtenir une pièce d’identité informatisée. De nombreuses personnes, parmi celles qui ont choisi de modifier leur âge en optant pour les voies sinueuses du faux ont souvent eu la surprise désagréable de constater que les pièces d’état civil qu’ils présentent, et qui ont parfois l’air authentiques, ne passent pas dans certaines circonstances ou dans certaines structures, à l’instar des missions diplomatiques. Celles-ci prenant régulièrement l’habitude de procéder à des vérifications à la souche. C’est le piège dans lequel sont tombés les 929 jeunes gens qui ont été priés de quitter les structures de formation militaire il y a quelques jours. Les différents contrôles effectués en la matière par le ministère de la Défense, au Cameroun, comme à l’étranger, aussi longs qu’ils ont pu paraître, ont produit des résultats tangibles. Ailleurs, certains ont souvent été rattrapés alors qu’ils étaient déjà opérationnels sur le terrain ou en voie de l’&...
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