Marché africain de capitaux : Paul Biya y tient

La mise en place d’un tel mécanisme, défendue par le président de la République présente, selon des spécialistes, de nombreux avantages et gagnerait à être élargi à l’ensemble du continent, dans une structuration commune.

Il a évoqué l’idée en décembre dernier, lors du sommet des leaders Etats-Unis Afrique à Washington. Et vendredi dernier, Paul Biya est revenu à la charge lors de sa réponse aux vœux du corps diplomatique. Pour le chef de l’Etat camerounais, la solution au financement des projets de développement des pays africains passe par la mise en place d’un « véritable marché africain des capitaux susceptible d’offrir des outils adaptés au financement du développement de l’Afrique. Ce qui permettra sa transformation structurelle et son indépendance progressive de l’aide au développement et des crédits à l’exportation. » Cette insistance, à moins de deux moins d’intervalle, traduit une certaine détermination face aux limites des instruments de financements actuels, utilisés par les pays du continent. 
Ainsi, pour financer son déficit budgétaire, l’Etat du Cameroun fait recours chaque année à plusieurs mécanismes, tant sur le marché local, sous régional qu’international. Pour cette année 2023 par exemple, la loi de finances autorise le gouvernement  à recourir à des émissions des titres publics pour un montant maximum de 450 milliards de F pour le financement des projets de développement. Pour ce faire, le ministre des Finances dispose de deux principaux leviers : les Valeurs du Trésor sur le marché monétaire de la BEAC et les emprunts obligataires sur le marché financier sous régional. « Ceci participe de la politique diversification de ses instruments financiers », indique Samuel Tela, directeur de la Trésorerie au ministère des Finances.
Sur le marché monétaire de la BEAC, sont émis les bons du trésor assimilables (BTA) et les obligations du trésor assimilables (OTA). Les BTA sont des financements de trésorerie pour des maturités de 13, 26 et 52 semaines. « Pour cette catégorie, nous émettons en moyenne 350 milliards de F par an. Les taux d’intérêts de cet instrument oscillent entre 2,5% et 3%. Cependant, depuis le 3e trimestre 2022, on observe une tendance haussière des taux du fait du relèvement des taux directeurs des principales banques centrales », explique Samuel Tela. Ainsi, au 31 décembre 2022, l’encours des BTA de l’Etat du Cameroun est de 227 milliards de F. S’agissant des OTA (titre de moyen terme de deux ans à 10 ans), depuis 2018, le Trésor public est très présent sur ce compartiment du marché avec des émissions moyennes de 300 milliards de F chaque année. Les taux d’intérêt ici oscillent entre 4% et 5,5% pour les maturités de 2 à 5 ans et environ 6,5% pour les obligations de plus de 5 ans. Au 31 décembre 2022, l’encours de cet instrument est de 1 036 milliards de F. « Ces ressources ont fortement contribué au financement des travaux d’achèvement des projets dits de première génération et des certaines infrastructures de la CAN 2021 », affirme le directeur de la trésorerie. Toutefois, bien que la simplification des procédures et le faible taux du coût et des commissions liés à ces opérations soient un atout, il n’en demeure pas moins...

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