« C’est une adaptation à la conjoncture économique du moment »
- Par Aïcha NSANGOU N.
- 06 juin 2023 11:59
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Yannick Arnold Enoah, économiste.
Le président de la République a signé le 2 juin dernier l’ordonnance modifiant et complétant certaines dispositions de la loi des finances 2023. Le budget y a été revu à la hausse. Comment peut-on comprendre ce réajustement ?
De façon générale, le collectif budgétaire ou loi de finances rectificative est la loi permettant de modifier en cours d’année, de manière significative, les dispositions de la loi des finances initiale concernant notamment le plafond des dépenses du budget de l’Etat et les données générales de l’équilibre budgétaire. Ce réajustement traduit entre autres une nouvelle orientation de la politique économique et budgétaire nationale, mais également une adaptation à la conjoncture économique du moment. Pour le cas d’espèce, le budget général de l’Etat arrêté en recettes et en dépenses à 6274,8 milliards de F n’a pas tenu compte d’un certain nombre de dépenses postérieures à son adoption. Au-delà de cette réalité, il est à noter que dans le cadre de la préparation de la quatrième revue du programme triennal (2021-2024), les échanges entre autorités camerounaises et la délégation du Fonds monétaire international se sont soldés sur fond d’exigences de l’institution de Brettonwoods, notamment en matière de maîtrise de la dépense publique et de réduction du niveau du déficit budgétaire global de l’Etat qui aujourd’hui se situe à environ 1% du PIB. L’intégration de ces ajustements au budget 2023 conditionnerait ainsi le déblocage de fonds au titre du mécanisme de Facilité élargie de crédit en faveur du Cameroun.
La baisse de l’enveloppe des subventions des produits pétroliers peut-elle être considérée comme l’élément déclencheur de la révision du budget ?
Très certainement ! Toutefois, elle ne saurait justifier à elle seule cette révision. La subvention des prix des produits pétroliers à la pompe qui a coûté en 2022 plus de 700 milliards de F à l’Etat du Cameroun a été réduite de moitié. La réduction de cette enveloppe dédiée à la subvention constitue à n’en point douter une modification substantielle du volume de la ligne dédiée aux subventions et par conséquent constitue des économies considérables qui pourront ainsi être réorientées à l’investissement ou aux dépenses sociales. Toutefois, cette réduction de la subvention des produits pétroliers contraste avec l’annonce faite par les pays membres de l’OPEP; annonce qui prévoit une réduction significative du niveau de la production journalière à partir du mois de Mai. Cette annonce pourrait ainsi aboutir à une nouvelle hausse des prix des produits pétroliers sur le marché international, annihilant ainsi les effets escomptés de la réduction de l’enveloppe dédiée à la subvention des produits pétroliers à la pompe. Dans le même sciage, la revalorisation des salaires des personnels civils et militaires intervenue le 06 mars 2023 (postérieure à l’adoption de la loi de finances 2023); la réduction du déficit budgétaire global de 1% du PIB à environ 0,5% telle qu’exigée par le FMI et enfin la création d’un cadre budgétaire dédié aux investissements productifs et au financement des dépenses sociales constituent également des éléments pouvant justifier l’adoption d’une loi de finances rectificative.
Dans un contexte où le Cameroun peine à mobiliser des fonds sur le marché financier, où va-t-on trouver les ressources supplémentaires ?
La hausse du niveau général des prix à l’international a conduit les banques centrales à rehausser leur taux directeur, durcissant de ce fait les conditions d’accès au crédit tant sur le marché bancaire que sur les marchés financiers. Cette situation a pour conséquences d’amener les Etats en voie de développement du fait de la qualité de leur signature sur le marché international, à se tourner vers les prêts concessionnels (FMI ; Banque Mondiale ; prêts bilatéraux etc.) moins coûteux en termes de service de la dette bien que très contraignants en matière de politiques publiques. A côté de cette option, l’Etat a en sa possession un large éventail de mesures lui permettant de mobiliser des ressources supplémentaires notamment à travers : l’élargissement de l’assiette fiscale ; une meilleure orientation des d&e...
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