« Les droits de douane constituent le principal levier pour l’Etat »
- Par Junior MATOCK
- 10 août 2023 10:50
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Dr Samuel Nguiffo, expert en environnement.
Le ministère des Transports a récemment publié une étude qui démontre la nocivité des véhicules importés polluants sur l’environnement. Quels dispositifs peut-on mettre en place au niveau des ports et autres portes d’entrée pour limiter l’entrée de ces engins sur le territoire ?
Nos voitures sont une source de multiples pollutions, que ce soit dans leurs processus de fabrication, ou dans leur fonctionnement, qui produit une multitude de déchets dont la gestion quotidienne est un défi pour les pouvoirs publics (batteries, pneus usagés, huiles diverses, etc.) et, surtout émet des polluants rejetés par les systèmes d’échappement des moteurs. Ces gaz et particules contribuent au réchauffement climatique global, et affectent la santé des populations dans les grandes villes du Cameroun. Il faut dire que le parc automobile au Cameroun représente entre 1,6 et 2 millions de voitures, dont plus de 95% ont été achetées d’occasion (avec plus de 10 ans d’âge au moment de leur acquisition). Ils étaient donc, pour la plupart, non conformes aux normes de pollution des pays d’origine au moment de leur importation au Cameroun. Le Cameroun a prévu un système qui taxe plus cher (en pourcentage de la valeur) les voitures les plus vieilles. Il s’agit là d’un dispositif qui vise à décourager ces acquisitions. On pourrait tout simplement les interdire, afin de préserver la santé des citoyens et l’environnement. Il semble important de relever que l’importation de véhicules hors d’âge réduit leur durée de vie avant la casse, et la gestion des déchets résiduels de ces automobiles sera effectuée ici, à nos frais, alors qu’elles auront été utiles plus longtemps dans des pays étrangers.
Ne faudrait-il pas finalement durcir la règlementation environnementale pour limiter l’importation des véhicules polluants ?
Tout dépend de l’objectif que les pouvoirs publics se fixent. Si l’objectif est de préserver la santé des citoyens, il faudrait être intransigeant sur les normes de pollution, et adopter les plus sévères. Mais, l’Etat ne le peut pas en ce moment, parce que des préalables doivent encore être mis en place, notamment l’organisation d’un système de transport en commun efficace, fiable, et accessible, ce qui aurait pour effet de ne pas rendre l’achat d’une voiture indispensable pour autant de ménages, qui peinent ensuite à l’entretenir.
Quelles mesures incitatives peut-on mettre en place pour encourager les usagers à acquérir des véhicules moins polluants ?
Les droits de douane apparaissent comme le principal levier sur lequel l’Etat pourrait jouer pour inciter les usagers à acquérir des véhicules moins polluants, donc plus neufs. Si les droits de douane restent élevés, on continuera d’avoir des véhicules très vieux sur nos routes, avec tous les risques que cela comporte pour la pollution, notre santé et notre sécurité. Le coût économique de la vétusté des véhicules qui écument nos routes, s’il était calculé, pourrait inciter nos dirigeants à trouver plus rapidement des mesures incitatives, en commençant par les véhicules destinés au transport des passagers.
Ne devrait-on pas encourager l’utilisation des bio carburants ?
Le biocarburant est une fausse bonne solution, en ce sens qu’il déplace le problème. Il vise en général à aider à faire face au coût élevé du carburant classique, et aux problèmes liés à sa disponibilité. S’il fallait l’envisager à grande échelle au Cameroun, les superficies de terres nécessaires à la culture des végétaux devant servir à la production de biocarburants serait très grande, et augmenterait la pression déjà très perceptible sur les terres. Quelques investisseurs avaient envisagé des initiatives dans ce sens au Cameroun, mais s’étaient rapidement ravisés en raison des risques élevés de conflits auxquels ils s’exposaient.
Est-il trop tôt pour penser à l’option des v&eac...
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