« On assiste à un incivisme et à une irresponsabilité de plusieurs de nos compatriotes »
- Par Aïcha NSANGOU N.
- 05 oct. 2023 15:21
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Paule Avomo Assoumou Epse Koki, Directeur général de l’Autorité Aéronautique civile du Cameroun.
Madame le Directeur Général, l’Ecole de formation de la Cameroon Civil Aviation Authority (CCAA) abrite depuis la semaine dernière un stage de formation de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale sur les procédures pour les services de la navigation aérienne-exploitation technique des aéronefs. Une initiative qui vise, entre autres, le renforcement des capacités pour une surveillance efficace des aéroports. Quelle est l’opportunité d’une telle rencontre en ce moment ?
Cette formation vise à permettre aux participants de mieux comprendre ce processus complexe de tracé de trajectoires de vol sûres, c’est-à-dire qui évitent bien évidemment tous les obstacles mais également efficientes, c’est-à-dire ne conduisant pas à des trajectoires difficiles d’exécution ou pas suffisamment directes. Cette formation arrive à point nommé, dans un contexte où il y a des pressions très fortes autour de nos aéroports, et où peuvent s’ériger soudainement des obstacles artificiels pouvant compromettre les trajectoires établies. La formation va permettre aux personnels des différentes autorités africaines de l’aviation civile, présentes ici à Yaoundé, d’acquérir les compétences nécessaires pour surveiller l’environnement de leurs aéroports, de manière à ce que, lorsqu’une situation se présente, comme par exemple un nouveau bâtiment en hauteur qu’on veut installer aux environs d’un aéroport, ils puissent aisément anticiper l’impact sur les procédures de vols existantes et prendre des mesures adéquates qui peuvent aller de la réduction de la hauteur de l’obstacle à la proposition de sa suppression.
Les aéroports camerounais sont envahis par des aménagements qui ne sont pas censés s’y retrouver. Quelle est l’ampleur du phénomène ?
Un aéroport est établi au sein d’une vaste étendue de terrain dite domaine aéroportuaire. Cette vaste étendue de terres ne sera jamais occupée dans son ensemble, car un aéroport a besoin d’espaces complètement vides pour sa sécurité et son développement. Et ce sont ces espaces vides qui nous créent des problèmes à l’heure actuelle. Pendant très longtemps, les populations les respectaient. Mais depuis une quinzaine d’années, on assiste à un incivisme et une irresponsabilité de plusieurs de nos compatriotes, que nous dénonçons ici vivement. Nous avertissons, faisons des sommations, mais dès que nous tournons le dos, certains s’installent et jouent à la course contre la montre pour bâtir dans ces espaces et s’en accaparer de force.
Quel est l’impact sur la sécurité de ces espaces aéroportuaires ?
La proximité des aménagements non autorisés autour des aéroports a pour conséquence d’accroître les dangers suivants : l’apparition d’obstacles dans les servitudes aéronautiques, réduisant les marges de sécurité pour l’exploitation des aéronefs et augmentant le risque de collision entre un aéronef et une infrastructure, l’augmentation du risque animalier (oiseaux, bétail, etc.) aux abords des aérodromes, pouvant potentiellement entraîner des accidents (ingestion d’oiseaux par un réacteur, collision avec un animal), l’augmentation du risque d’éblouissement des pilotes par des sources lumineuses non aéronautiques ou par des lasers dans le cas d’un acte d’intervention illicite. L’exploitation des aéronefs constitue également un risque pour les populations environnantes, ceci parce que la majeure partie des accidents d’aviation ont lieu aux abords des aérodromes. De ce fait, la proximité des aménagements avec les aérodromes peut conduire à des dommages collatéraux significatifs ; et l’exposition des populations aux bruits produits par les réacteurs des aéronefs peut avoir une incidence sur leur état de santé.
Vous avez signé l’année dernière une circulaire relative à l’utilisation compatible des terrains situés aux abords des aérodromes. Cela a-t-il porté des fruits ?
Oui, nous commençons à être entendus. La CCAA reçoit de plus en plus de demandes d’implantation d’infrastructures au voisinage des aéroports depuis la signature de cette circulaire. C’est notamment le cas pour les aéroports de Douala, Bertoua, Bafoussam-Bamougoum et Yaoundé-Nsimalen. Les autorités administratives et les entités en charge de l’aménagement de ces villes sont également davantage au fait des contraintes de sécurité liées à l’exploitation des aérodromes et accompagnent, si besoin, l’Autorité aéronautique dans la gestion de l’utilisation des terrains dans leurs voisinages et la préservation de la sécurité des aérodromes.
Qu’est-ce qui est envisagé de concert avec les autres acteurs de la sécurisat...
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