Cameroun-Tchad : une coopération agissante
- Par Gregoire DJARMAILA
- 30 nov. 2023 10:56
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Le Cameroun et le Tchad se présentent aujourd’hui comme l’un des tandems exemplaires au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac).
Afin de conjurer l’image de l’espace communautaire africain le moins intégré qui colle à la Cemac, Yaoundé et N’djamena s’attèlent depuis plusieurs années à faire bouger lignes à travers divers projets de coopération visant à renforcer l’intégration des deux pays et de l’ensemble de la sous-région. Comme par hasard, c’est dans la capitale tchadienne que la libre circulation des personnes dans l’espace Cemac a été actée le 31 octobre 2017 au terme de la session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale.
Cette décision d’ouverture intégrale des frontières intervient à la suite de la ratification de l’acte additionnel du 25 juin 2013 (portant suppression des visas pour les ressortissants de la Cemac) par les quatre autres Etats (Congo, la République centrafricaine, le Gabon et la Guinée équatoriale) alors que le Cameroun et le Tchad avaient déjà accompli cette formalité quelques années avant. Et à ce jour, la libre circulation des personnes au sein de la Cemac est une réalité palpable entre les deux pays.
Mieux, ces deux pays voisins, unis par l’histoire et la géographie et dont les relations diplomatiques remontent à 1960, donnent à voir en termes de mise en œuvre des projets intégrateurs en Afrique centrale. Les derniers faits d’actualité viennent donner de la consistance à cette coopération agissante et cette dynamique intégrative entre les deux Etat qui partagent une frontière longue de plus de 1000 kilomètres.
La semaine dernière, les ministres tchadien des Infrastructures et du Désenclavement et camerounais des Travaux publics ont passé trois jours à Yaoundé pour plancher sur les travaux de construction de deux importants ouvrages de franchissement entre les deux pays. Le Dr Idriss Saleh Bachar et Emmanuel Nganou Djoumessi ont passé en revue le chantier en cours du pont sur le fleuve Logone, reliant les villes de Yagoua au Cameroun et Bongor au Tchad.
Ce projet d’envergure dont le taux de réalisation est évalué à date à 62% et qui comporte des aménagements connexes aussi bien en territoire camerounais qu’au Tchad et dont la livraison (tous travaux confondus) est prévue au second semestre 2024, va indubitablement donner du tonus à la libre circulation des personnes et aux échanges commerciaux entre les deux pays. dans la foulée de cette rencontre ministérielle camerouno-tchadienne, l’on apprend que Yaoundé et Ndjamena sont déterminées à accompagner le processus de fluidification du trafic sur le corridor Douala-Ndjamena et d’exploiter toutes les facilités nouvelles qu’offre le Port en eau profonde de Kribi.
Ainsi, il est envisagé dans les prochaines années, la construction d’un pont sur le fleuve Chari, reliant la ville camerounaise Kousseri à la capitale tchadienne Ndjamena en passant par le quartier Farcha. Même si l’on n’a pas encore une idée précise sur le coût de ce nouveau projet intégrateur, la partie tchadienne souligne que les études de faisabilité y afférentes sont déjà suffisamment avancées et qu’un protocole d’entente avec le Cameroun sera bientôt signé.
Le séjour de la délégation ministérielle tchadienne a coïncidé avec le lancement le 21 novembre 2023 un autre investissement d’envergure, le Projet d’interconnexion des réseaux électriques du Cameroun et du Tchad (Pirect). Cofinancé par la Banque mondiale, la Banque africaine de Développement, la Banque islamique de Développement, l’Union européenne, le Pirect qui va mobiliser une enveloppe de 557, 5 milliards de F sera livré en 2027 matérialise la volonté des deux pays d’optimiser l’utilisation de leurs ressources énergétiques par l’intégration des infrastructures de production, de transport et de distribution de l’énergie électrique. Comme le souligne le ministre camerounais de l’Eau et de l’Energie, cette grande réalisation, la première du genre en zone Cemac, constitue « un tournant décisif pour l’intégration énergétique en Afrique centrale ». Ainsi, le Cameroun qui possède le troisième plus grand potentiel hydroélectrique en Afrique subsaharienne, va devenir ainsi un exportateur d’électricité et pourra fournir dans le cadre de ce projet 100 MW au Tchad. Les deux pays voisins inaugurent ainsi le marché commun de l’électricité dans la sous-région. De manière concrète, il s’agira de construire des lignes haute tension (HT) de 225 kV à partir de Ngaoundéré jusqu’à Ndjamena en passant par Garoua et Maroua et Kousseri avec une bretelle Maroua-Yagoua-Bongor-Guelendeng-Ndjamena. La longueur totale des lignes HT à construire est d’environ 1024 km (786 au Cameroun et 238 au Tchad), et le nombre de locali...
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