Banque africaine de l’énergie : le pari de l’autonomie

Le Cameroun vient d’abriter la 46e session ordinaire du conseil des ministres de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO). L’onction politique du conclave de Yaoundé a été au rendez-vous, avec le Premier ministre, chef du gouvernement, en qualité de représentant personnel du président de la République, pour porter la voix des leaders africains afin de reformer le marché pétrolier et gazier du continent. Si pour les profanes, les questions d’énergie semblent hermétiques, le quotidien des populations est par contre impacté par l’incontournable apport en énergie. Les assises de Yaoundé, au-delà, de l’appréciation des données liées au fonctionnement de l’APPO, vont certainement entrer dans l’histoire comme ayant porté au pinacle la sensible question du financement du secteur pétrolier. Dans ce secteur, tout tourne autour de la précision, de la technologie de pointe, pas toujours à la portée des pays africains. Les producteurs de pétrole africains comme ceux d’ailleurs doivent donc relever des défis multiples. On peut ainsi citer en guise d’exemple : le financement, la technologie, l’expertise et l’absence d’un marché propre. Il est donc de notoriété publique que  les produits pétroliers africains se vendant ailleurs sur le continent avec tous les aléas qui s’en suivent. Si tous ces paramètres sont habituellement gérés dans le secret des huis clos, les producteurs de pétrole africains ont pris conscience, cette fois, de l’impératif d’une véritable autonomie financière.
Et qui dit autonomie dit plus grande flexibilité, moins de présence des bailleurs de fonds extérieurs au continent et certainement moins de chantage. La réunion de Yaoundé vient de se tenir dans un contexte international de morosité. Les contraintes budgétaires étranglant aussi bien les grandes puissances que les pays en développement. On est surtout dans un contexte, où la guerre économique entre les grandes puissances pourrait réduire l’Afrique au silence, si rien n’est fait pour son autonomie. On pourrait certainement se retrouver avec des conditionnalités du genre : «  Vous voulez de l’argent, mais on vous le donne à condition de tourner le dos aux énergies fossiles pour les énergies propres. » L’Afrique subit déjà ce diktat avec son bois, son cacao et pour certains pays les diamants. A l’épreuve du terrain, il est évident que les plus gros pollueurs de la planète se trouvent dans les pays industrialisés et la grande victime est l’Afrique, deuxième poumon vert de la planète après l’Amazonie. 
Notre continent court le risque habituel de se voir museler face à ses choix visant le développement du secteur pétrolier et gazier. C’est pour cela qu’il faut décourager les initiatives solitaires afin de constituer un bloc plus représentatif. La décision des producteurs de pétrole africains de mettre sur pied la Banque africaine de l’énergie (AEB) vient donc donner les coudées franches au continent noir qui est pourvu d’importantes réserves en hydrocarbures. Avec le démarrage des activités de la Banque africaine de l’énergie au premier trimestre 2025, les membres de l’APPO affichent clairement leur ambition de s’approprier le marché pétrolier et gazier africain. Ce qui annonce la fin du manque des investissements. Avec la mise en place de la Banque africaine de l’énergie, on devra normalement s’attendre, dans les pays membres, à de meilleures opportunités pour la formation des cadres locaux et à la construction de nouvelles infrastructures. Pour dire les choses simplement, on doit normalement s’attendre à la création de centres de recherche liés au secteur pétrolier et gazier. On aura aussi plus d’ambition dans les projets de construction des oléoducs, ce qui a l&...

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