Il faut aller plus loin
- Par Rousseau-Joel
- 14 août 2025 12:17
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On attendait les suites à donner au Rapport du volet recherche et les propositions artistiques du volet culturel de la Commission mixte franco-camerounaise pluridisciplinaire sur le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition au Cameroun de 1945 à 1971. La remise de ce document au président français Emmanuel Macron a eu lieu le 21 janvier 2025, et le 28 janvier 2025 à son homologue camerounais Paul Biya. Une équipe de 14 historiens des deux pays avaient formulé des recommandations et des demandes de reconnaissance fortes. Nous y sommes donc avec le courrier daté du 30 juillet 2025 que le président français a envoyé au chef de l’État camerounais. Dans cette lettre rendue publique le 12 août 2025, Emmanuel Macron a officiellement reconnu que la France avait mené « une guerre » au Cameroun contre des mouvements insurrectionnels avant et après l’indépendance de 1960, marquée par des « violences répressives ». Ce faisant, il endosse les conclusions du Rapport d’historiens qui ont « clairement fait ressortir qu’une guerre avait eu lieu au Cameroun, au cours de laquelle les autorités coloniales et l’armée française ont exercé des violences répressives de nature multiple dans certaines régions du pays, guerre qui s’est poursuivie au-delà de 1960 avec l’appui de la France aux actions menées par les autorités camerounaises indépendantes ». À titre d’illustration, le président français évoque entre autres, certains épisodes tragiques de cette guerre comme celui d’Ekité du 31 décembre 1956 qui a fait de nombreuses victimes, ou la mort lors d’opérations militaires menées sous commandement français des quatre leaders indépendantistes que sont Isaac Nyobè Pandjock (17 juin 1958), Ruben Um Nyobè (13 septembre 1958), Paul Momo (17 novembre 1960) et Jérémie Ndéléné (24 novembre 1960). « Il me revient d’assumer aujourd’hui le rôle et la responsabilité de la France dans ces événements » ajoute Emmanuel Macron dans cette lettre qui acte un tournant historique dans les relations entre les deux pays.
En outre, comment ne pas souligner à grands traits qu’en utilisant plusieurs fois le mot « guerre » absent jusqu’ici du discours officiel français concernant cette période sombre de l’histoire du Cameroun, le président français a franchi le Rubicon au triple plan mémoriel, symbolique et politique. Dans la mesure où les violences décrites et incriminées se sont peu à peu inscrites dans ce qu'on appelle la doctrine de la guerre révolutionnaire qui pratique un certain nombre de violences physiques, psychologiques, collectives et des déplacements forcés de populations.
Certes, une ombre demeure au tableau, s’agissant notamment du cas de Félix-Roland Moumié, fer de lance de la lutte anticoloniale, assassiné à Genève le 3 novembre 1960. « L’absence d’éléments suffisants dans les archives françaises et le non-lieu rendu par la justice suisse en 1980 n’ont semble-t-il pas permis d’apporter un nouvel éclairage sur les responsabilités et la nature des faits qui entourent sa mort », estime Emmanuel Macron. Mais, l’historienne Karine Ramondy qui a présidé le Rapport de cette Commission, lors d’une interview accordée à RFI le 30 janvier dernier, a expliqué comment la chaîne de commandement a pu se mettre en place en France. « Nous avons eu accès à des archives qui étaient jusqu'alors classifiées, sur William Bechtel, qui était l'agent du SDECE [Service de documentation extérieure et de contre-espionnage - NDLR], qui a donc empoisonné Félix Moumié à Genève quelques jours avant son décès, le 3 novembre 1960 » confie-t-elle, ajoutant que « ces archives nous ont permis de creuser sur le portrait de cet agent qui apparaissait comme un simple honorable correspondant au départ. Mais là, on s'aperçoit que c'est vraiment un cador du renseignement et quelqu'un d'extrêmement introduit, protégé, qui a même pu peut-être l...
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