Assistance aux patients : le calvaire des garde-malades
- Par Yannick ZANGA
- 17 avril 2025 13:27
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Généralement recrutées au sein de la famille des patients, ces personnes inexpertes pour la plupart assurent la garde dans des conditions à toutes épreuves.
Dans nos familles, la situation relève du casse-tête. Ce moment redouté au cours duquel il faut trouver la personne devant veiller sur le malade interné dans un hôpital. Compte tenu des occupations des uns et des autres, et « des financiers » en particulier, il faut faire des choix. Dans la plupart des cas, on se tourne vers un membre de la famille pour endosser le costume du garde-malade. Le profil idéal est généralement une personne à l’emploi précaire, sans emploi ou un adolescent en période de vacances scolaires ou bénéficiant d’un emploi de temps flexible dans le cadre des études. Bref, une personne qui dispose du temps à l’instar de Patrick M., sans emploi, au moment de veiller en juin dernier sur Esther M., l’aînée de la fratrie de quatre orphelins, opérée à nouveau à la jambe. Seul garçon de la bande, il doit composer entre les obligations professionnelles et les exigences ménagères de ses sœurs. Un jour sur deux de la période allant du 22 au 30 juin 2024, il était familier des couloirs aseptisés de l’hôpital privé Marie Wyss au quartier Nsimeyong de 18h à 8h. La nuit d’après, il revenait à Marie-Antoinette M. de prendre le relais. « Nos conditions sont meilleures ici. Nous avons des salles pour passer la nuit en fonction de l’occupation des salles d’hospitalisation. Il y a des sièges ou des lits pour nous, contrairement à d’autres hôpitaux où lorsque c’est saturé, vous n’avez pas où dormir. Parfois, vous dormez à la belle étoile », relate celui qui verra sa sœur aînée subir deux nouvelles opérations sur la même jambe, les deux mois suivants.
La nuit une natte
Dormir à la belle étoile. Une expérience vécue par Aminatou B. pour inaugurer l’année en cours. Le Nouvel an, elle l’a passé au Centre des urgences de Yaoundé. Et même les neuf jours suivants pour assister et veiller sur son frère Souaibou B., 48 ans, conduit dans cette structure dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Sourd muet, il a été percuté et projeté sur le macadam par une moto, alors qu’il traversait la route. « J’ai été contrainte de veiller sur lui par notre aîné, furieux de son état d’ivresse au moment de l’accident. De nuit comme de jour, j’étais aidée par mon cadet Ibrahim pour faire sa toilette. Je me chargeais de son alimentation et de l’achat des médicaments à la pharmacie. Je m’absentais quelques heures pour me laver et me changer à la maison avant de passer la nuit sur une natte étalée près du parking après les heures règlementaires de visite », se souvient Aminatou.
Carine T. pour sa part garde en mémoire le traitement administré aux garde-malades à l’Hôpital central de Yaoundé en octobre dernier. Au chevet de sa grand–mère, elle se souvient de cette matinée au cours de laquelle, le directeur de l’hôpital, en personne, a expulsé tous les proches des patients. « Ce jour, en file indienne, on nous a escortés à l’extérieur du pavillon Lagarde. Il nous a clairement fait savoir que notre place n’était pas en salle d’hospitalisation près des malades », se rappelle-t-elle. Tout comme des subterfuges utilisés une fois le vent de rigueur dissipé. « On jonglait lorsqu’il tournait le dos. Tout le monde rentrait auprès de son malade. On dormait sur les nattes près du lit des malades. De même, le personnel soignant nous demandait de ne pas nous éloigner car ils avaient besoin de nous pour l’achat des médicaments des patients », précise Carine T.. Quelques mois auparavant, elle a longtemps arpenté les dédales de l’Hôpital général de Yaoundé. Cette fois pour épauler sa sœur aînée. « Là-bas, on demande aux garde-malades de dormir dans les couloirs. Cependant, on dormait sur les lits qui n’étaient pas occupés par les malades. D’autres préféraient se coucher à même le sol sur une natte ou un drap près de leur malade. Il n’était pas question d’avoir le sommeil lourd puisqu’il fallait se lever très tôt et ranger son matériel de couchage avant la première ronde des infirmiers entre 5h30 et 6h ».
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