« Les recruteurs mettent beaucoup de pression aux candidats »

Anselme Epoko Epoko, coordonnateur national du Programme d’aide au retour et à l’insertion des jeunes de la diaspora (Pari-Jedi) au ministre de la Jeunesse et de l’Education civique.

Ces derniers mois, des Camerounais ou des étrangers ont été victimes d’arnaque, notamment pour des offres d’emploi fictives. Quelle est l’ampleur du phénomène ?
Les arnaques et fraudes liées à la migration de travail prennent de l’ampleur dans un contexte de vacances scolaires et universitaires, de rareté de l’emploi salarié et de taux de chômage élevé, de numérisation et de l’essor d’Internet. Ces pratiques exploitent le désespoir et la naïveté de certains citoyens qui, compte tenu de leur situation, peuvent ne pas pleinement mesurer ou comprendre l’illégalité de la démarche et les risques auxquels ils s’exposent. Ce phénomène qui est aussi connu sous le nom de « scam », est une forme de fraude en ligne qui exploite les rêves et les aspirations de personnes cherchant à travailler à l'étranger. Ces pratiques profitent d’un cadre réglementaire encore trop faible.


Que disent les statistiques à votre niveau ?
Pour l'heure, nous ne disposons pas encore de statistiques fiables à ce sujet, car ces activités sont souvent clandestines et difficiles à recenser. Cependant, il existe des tendances et des informations d’ordre général qui permettent de comprendre l'ampleur du problème. Le Cameroun est un pays de départ, de transit et de destination des migrants. En 2022, plus de 150 Camerounais se sont retrouvés bloqués au Ghana après avoir payé environ 550?000?F pour un faux contrat. C’est ainsi que leurs passeports ont été confisqués, des commissions précomptées, et la promesse d’emploi s’est avérée mensongère. En 2022, 514 cas confirmés de traite et 190 cas de trafic ont été enregistrés à l’échelle nationale, dont plus de 30?% dans la région du Littoral. En novembre 2023, avec l’«?Immigration au Canada RDS?», environ 50 Camerounais ont été escroqués, payant entre 1 et 3,5 millions?de F chacun. Le responsable a disparu après avoir perçu les sommes. La même année, le gouvernement a «?pris en charge?» environ 500 victimes de trafic humain. Fin 2023 – octobre 2024, un réseau conduit par Sidieboeun Steve Césaire a escroqué des demandeurs de visas, notamment pour le Luxembourg, via des propositions de contrats fictifs. Les victimes ont versé 2 à 2,5 millions de F chacune, pour un préjudice global estimé à plus de 40 millions de F. L’affaire a éclaté le 11 novembre 2024 lors d’un contrôle à l’ambassade, conduisant au démantèlement du réseau. Du 29 septembre au 4 octobre 2024, l’opération?Liberterra II menée par Interpol et le Cameroun a permis de secourir 17 migrants victimes.


Selon vous, comment est-il possible de distinguer le vrai du faux quand il s’agit de ces offres internationales ?
Pour les cas d’arnaques rapportés ces derniers mois, les témoignages rapportent que les « recruteurs » mettent beaucoup de pression aux candidats pour les amener à vite s'enrôler, en leur demandant des fortes sommes d’argent qu’ils acceptent de marchander. Les offres sont rédigées dans un style de rédaction et de syntaxe approximatifs avec l’usage d’un langage non professionnel et truffé de fautes. Les informations relatives à l’offre sont véhiculées par personnes interposées à travers un canal de communication suspecte et inhabituel.


Pour les cas que vous retracez, comment se fait la prise en charge des victimes ?
Habituellement, la prise en charge des personnes victimes de ces arnaques est holistique. Elle est à la fois psychosociale, sanitaire, économique et éventuellement psychiatrique. Elle est mise en œuvre à travers une plateforme multi acteurs de partenaires sous le leadership du ministère des Relations extérieures et l’appui technique de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM...

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